Un Américain à Paris par Alligator
Oula! C'est ce qu'on appelle vulgairement un gadin! J'avais un souvenir parcellaire mais agréable de ce film vu il y a une bonne vingtaine d'années. Étant plutôt friand du cinéma de Vincente Minnelli, je m'étais dit que le genre de la comédie musicale, pour lequel j'éprouve une sévère aversion, aurait plus de chance de m'apprivoiser via sa réalisation. Bref, je pensais que j'allais aimer, et, sans être véritablement une souffrance dans le cul, le visionnage s'est avéré un peu lassant, émaillé de trop nombreux incidents de parcours pour m'inciter à la rebelote. J'ai encore un très bon souvenir plus récent de "The pirate", mais maintenant j'ai peur de me le gâcher. C'est malin, tiens!
Je crois bien que sur tous les numéros de "musical", je n'en ai apprécié que deux : la chanson franco-américaine que Gene Kelly offre aux bambins dans la rue, très souriante, toute en délicatesse, un petit coquelicot sur le bord de la route, et puis, bien entendu, la sublime "Our love is here to stay" sur les quais de Seine avec une chorégraphie très douce, très sensuelle et tendre. Le reste, notamment le bouquet final m'a paru long et fastidieux à suivre, irritant parfois.
C'est le cas par exemple pour toutes les performances de Georges Guétary dont le roucoulement tinorossien m'exaspère au plus haut point. Quant à sa face souriante en "permanente dentaire"... hum... gné envie d'y mettre des touches noires. Je ne supporte pas Georges Guétary, c'est physique, je n'y crois pas à ce type. Maintenant c'est officiel, je suis guétarophobe. Désolé pour les aficionados.
Oscar Levant est un petit peu emmerdant lui aussi, à jouer toujours le même chouineur, dandy bohème, en pose perpétuelle, tirant la gueule sans arrêt et n'apportant strictement rien au quatuor amoureux.
Autre problème : Leslie Caron, sans doute une très bonne danseuse, très souple et tout et tout, mais dont le jeu de comédienne laisse considérablement à désirer, et je ne veux pas parler de son physique denisefabrien effrayant.
Nina Foch est une actrice intéressante mais sous utilisée ici. Elle n'a en tout et pour tout qu'une seule scène de qualité, quelques secondes où elle apprend qu'elle a servi de pansement à chagrin d'amour pour Gene Kelly. Ça fait juste pour briller, hum? D'autant plus qu'on lui fait dire "J'ai besoin d'un whisky". Super.
Il n'y a donc que Gene Kelly encore une fois excellent en tout point. Un corps massif, apparemment léger et aussi aérien qu'un petit vent d'été, une technique incroyable de sureté, de précision, une capacité à exprimer avec peu, avec une économie de gestes, force et joie vitales débordantes, communicatives. Oui, ce type respire le bonheur et parvient à le communiquer. En plus le bougre n'est pas mauvais acteur, même si par moments, il se laisse un peu aller à déborder dans le drame.
Autre point positif, c'est le travail chromatique : la photographie du chef-opérateur Alfred Gilks est sublime, pétante, exubérante de couleurs. De même l'accompagnement décoratif fait preuve d'une grande profusion, dans l'imagination, dans la palette graphique, dans la virtuosité à figurer monuments, nature, et lieux sur différentes surfaces, quel fourmillement d'idées ingénieuses et poétiques.
Et malheureusement, ce qui m'étonne le plus, qui me déçoit, c'est que la musique de George Gershwin ne m'ait pas tapé dans l'oreille. Il n'est pas question de rejet pur et simple, mais disons qu'elle ne s'impose pas, ne me marque pas plus que ça. Or, j'en attendais bien plus.
C'est une réelle déception, je sors frustré de ce film. Ce n'était point prévu.