Cette comédie musicale est la plus fameuse de Vincente Minnelli, un des spécialistes du genre (Le Pirate, Tous en scène, Gigi). Elle est la grande gagnante des Oscars en 1952, année où sort Chantons sous la pluie, reconnu lui au terme d'un petit délai. Ces deux films mettent en vedette Gene Kelly et le consacrent comme l'une des stars les plus marquantes et populaires des années 1950.
Dans le domaine Un américain à Paris ne fait pas figure de réformateur ; à défaut c'est une pièce de maître. C'est alors les grandes heures du Technicolor et le moment où la MGM se réinvente au travers de la comédie musicale, avant de traverser des temps difficiles. La partition de Minnelli est flamboyante et son équipe d'élite, avec notamment Georges Gershwin pour la musique et surtout l'incontournable Cedric Gibbons à la direction artistique (superviseur de 1500 films sur 32 ans).
Quelques nuances viennent faire d'Un Américain à Paris une comédie musicale avec son large supplément d'âme. Au-delà de tous ses happening, le film est irradié par l'idéalisme et la tendance à l'abstraction caractérisant le style Minnelli ; sa fantaisie se traduit dans la reconstitution dansée d’œuvres de référence de la peinture française. Cet idéalisme nourrit l'image de Gene Kelly et place le film à distance de produits au cynisme guilleret mais plus ou moins masqué, comme ceux de Blake Edwards (Diamants sur canapé, La Party), où le côté bourgeois flambeur concrétise un conformisme profond et assez mesquin.
Un américain à Paris se montre beaucoup plus sensible tout en restant adulte. Le choc des statuts reste un peu court mais il est là et l'orientation est ailleurs ; Jerry Mulligan (Kelly) est tendu vers la conquête d'un hypothétique amour parfait, d'une vie édifiante et même d'un nouveau drapeau syncrétique dans le domaine des arts. L'orgueil et l'optimisme sont ses moteurs. Il n'y en aura que les bénéfices à l'écran, entre les numéros prestigieux, l'aptitude à faire rêver et même à aimer si la représentation en sort plus belle.
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