Charles Swann, fringant dandy juif (M. Jeremy Irons), fréquente assidument la noblesse parisienne et finit par s’enticher d’Odette Crécy, demi-mondaine (Mme Ornela Muti), dont il devine le passé trouble. S’il souhaite le lui pardonner, c’est au prix de quelques confessions à ce sujet, qu’elle rechigne naturellement à donner. Et plus elle se défausse, étonnamment, plus il est attiré par elle. Madame Verdurin, parvenue fréquemment les mêmes milieux de prestige (Mme Marie-Christine Barrault) contribue à alimenter l’ambiguïté, en l’invitant elle à ses dîners et sorties, sans lui. Aussi, par suite, la course-t-il dans tout Paris, quitte à épuiser son fidèle et docile cocher. La duchesse de Guermantes, aristocrate tenant le haut du pavé par son assurance, sa présence et son esprit (Mme Fanny Ardant), dont la demeure dans le film est tournée au musée Jacquemart-André, et le baron de Charlus, un autre aristocrate tout aussi respecté qu’il est réputé pour son inversion (M. Alain Delon) encouragent Swann à assouvir son plaisir en la fréquentant, tout en le mettant en garde sur les risques qu’il prend à trop s’engager auprès d’elle, notamment en termes de considération. A la fin, il avoue à Mme de Guermantes la maladie mortelle qui le condamne et le contraint de refuser son invitation de voyage en Italie, comme si le dépit amoureux l’avait vitalement atteint.
L’esprit du roman de Marcel Proust est restitué fidèlement et avec fidélité, ce qui ne s’avère pas une mince affaire, mais cela a inévitablement demandé des adaptations, par des choix et coupes, le narrateur, soit l’auteur lui-même n’apparaissant pas. Le roman fait partie de la saga d’inspiration autobiographique A la recherche du temps perdu. Les personnages principaux sont vite et bien restitués dans leur environnement et leurs traits principaux de caractères. Leur présentation s’avère fine et leur interprétation tout à fait adaptée, Mme Fanny Ardant faisant du Fanny Ardant, ce qui convient parfaitement au rôle, M. Jeremy Irons adossant un rôle ambivalent dont il a le secret et l’habitude, M. Alain Delon surprenant de justesse dans le rôle d’homosexuel racé et dominateur.
Ce film permet de s’immerger dans la haute société du début du XXème siècle, comme dans le monde si particulier de Marcel Proust, pour ma part bien retranscrit. Il m’a donc semblé très intéressant.