Reconstruction en cours
Adapté du livre de Ramon González, survivant de l'attaque terroriste du Bataclan de 2015, Un an, une nuit raconte comment un couple survit après le traumatisme, avec une méthode différente selon...
le 28 mars 2023
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Ramon et Céline sont au Bataclan avec un couple d'amis et assistent à concert du groupe Eagles of death metal.
Pas de chance, c'est précisément ce soir là du 13 novembre 2015 que de sinistres crevures décérébrées ont choisi pour mener leur croisade contre l'Occident décadent. Les quatre amis en réchappent, Ramon et Céline rentrent chez eux et chacun va vivre son TSPT (troubles du stress post traumatique) à sa manière. Alors que Ramon multiplie les crises de panique, parle beaucoup, est incapable de se concentrer, quitte son travail, Céline tombe dans un déni total, souhaite passer à autre chose, soutient néanmoins comme elle peut Ramon mais voudrait ne plus entendre parler de ce soir là. Elle n'en a d'ailleurs parler à personne mais s'affole lorsque le 14 juillet suivant un camion fou s'élance dans la foule sur la Promenade des anglais à Nice. Ses parents habitent Nice...
Ce film arrive après le relativement récent Revoir Paris, qui évoquait la même horreur mais côté restau. C'est toujours ballot d'arriver après. Le film d'Alice Winocour fut encensé par une critique quasi extatique et pas celui-ci. Etrange, car selon moi les deux films se ressemblent comme deux jumeaux (sauf que Noémie n'est pas Viriginie...). Il évoque également le parcours d'un couple et n'est pas plus convaincant et pas plus émouvant. Même s'il fait peur lorsque peu à peu au cours du film et de flash-backs, l'attentat est reconstitué sans pour autant montrer les terroristes pas plus que l'amas de corps au sol. Comme le suggèrent les policiers venus secourir les participants au concert réfugiés dans les locaux techniques il vaut mieux ne pas regarder en bas. Et même si le sentiment d'empathie sincère envers toutes les victimes mortes et survivantes est très fort tout au long de la projection.
Le film est adapté du livre que Ramon Gonzalez un survivant a écrit. Mais à l'écran, premier handicap, le couple ne fonctionne pas. Noémie et moi ne serons pas réconciliées avec ce film mais mettre dans son lit et dans sa vie de cinéma le merveilleux acteur Nahuel Perez Biscayart... ça ne marche pas. Elle, grande, solide et lui minuscule, frêle... le couple dysfonctionne physiquement et dysfonctionnera intellectuellement au cours de cette année nécessaire pour revivre, intégrer voire évacuer ce qui s'est passé cette nuit là. Vous allez me dire (n'est-ce pas ?) qu'il ne faut pas s'arrêter au physique. C'est difficile quand la différence et le dysassortiment (fait de ne pas être assortis) est de cette ampleur au point d'être gênants. Elle a toujours l'air d'être sa grande soeur et lui un petit oiseau.
Passé (difficilement) cet obstacle, le film n'est évidemment pas inintéressant. Haché par de nombreux flash-backs terrifiants mais je le répète, seule la terreur des survivants qui ne savent quoi faire est montrée, pas les actes terroristes eux-mêmes, il s'attarde longuement, très longuement sur la tentative de reconstruction pour l'un, de "faire comme si" pour l'autre sans qu'aucun des deux personnages ne semble montrer la moindre évolution, la moindre réflexion. Ils restent comme campés sur leurs positions. Jusqu'à un virage brutal qui renverse totalement et inexplicablement la vapeur. Noémie/Céline semble subir comme un électrochoc au point qu'un quart d'heure avant la fin et alors qu'au début on voit clairement Ramon et Céline rentrer chez eux sous leur couverture de survie, il semble que Ramon soit mort. Je n'ai vraiment pas compris ce moment comme si on devait se dire à cet instant : "ah ok, Ramon est mort, c'est pour ça qu'elle va pas bien dans sa tête Céline". Mais non.
Noémie Merlant est sans doute formidable mais elle ne m'atteint pas cette fille et lorsqu'elle se fâche, elle prend un incompréhensible accent britannique assez rigolo. Nahuel Perez Biscayart est par contre sans la moindre hésitation formidable et sait comme personne retranscrire la souffrance irraisonnée mais bien réelle d'une crise de panique.
La dernière scène est très jolie, apaisante, rassurante mais les 2 h 10 pour y arriver piétinent et sont interminables.
Le film sur le traumatisme des attentats reste pour moi le bouleversant Amanda de Mikaël Hers.
Créée
le 8 mai 2023
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