Réveiller le Muséum d'histoire naturelle
On est en 94. Philibert a déjà son trait de caméra, le regard curieux et malicieux qu'on lui retrouvera 20 ans plus tard dans La Maison de la radio. On y retrouve son affection pour le plan fixe, le montage attentif, la phrase musicale en fond sonore pour ajouter de la poésie. Il observe, à distance, respectueux du monde et des gens qu'il filme. Il se passionne pour les passionnés. On le sent amusé parfois parce que certaines situations sont loufoques. Il y a de l'étrange dans son sujet. Qu'on véhicule les animaux de la savane à l'arrière d'un camion, qu'on injecte un produit conservateur dans une langoustine, qu'on fourre de paille la peau d'un marsupial, qu'on s'interroge sur la poussière dans les vitrines ou la place de chacun dans le cortège central. A travers son objectif, les animaux empaillés prennent vie, comme le Muséum d'histoire naturelle longtemps endormi.