Acculé par sa direction de faire des coupes dans son entreprise alors qu'il y a déjà eu une réduction d'effectifs, le cadre d'une filiale française d'un conglomérat se bat pour sauver ces emplois, et contre la pression des salariés qui sont épuisés de travailler toujours plus.
Bien qu'il s'en défende, Stéphane Brizé a crée une trilogie officieuse sur le monde du travail avec La loi du marché et En guerre, déjà avec Vincent Lindon. Ce dernier joue cette fois un rôle de dirigeant, où il est pris entre le marteau et l'enclume, à devoir dégraisser dans une société qui est pourtant dans le vert. Lui se refuse à licencier, mais est pris en tenaille par la direction et par les syndicats qui expriment le ras-le-bol des ouvriers. Alors qu'en même temps, il affronte un divorce causé par l'omniprésence de son travail et son fils qui montre certaines difficultés à l'école après avoir agressé un autre élève.
Vincent Lindon joue ce rôle comme toujours avec dignité, et le moment où il pourrait être montré comme un salaud, celui du face-à-face avec les représentants du personnel, montre qu'il est en fait acculé et joue en quelque sorte la montre. Avec, à l'instar des deux précédents films, un geste final d'une grande dignité. Le tout filmé caméra à l'épaule par Brizé avec plusieurs acteurs pour la plupart non professionnels, et si j'ai quelques réserves sur la partie consacrée à son fils, joué par Anthony Bajon, le titre du film résume bien l'avenir possible, car là, ce qu'on y voir fait partie de nos vies, mais c'est de l'horreur au quotidien pour ces employés qui doivent se battre quotidiennement pour leurs emplois.
Stéphane Brizé leur donne ainsi voix au chapitre, mais se place ici du côté des dirigeants, où on voit les ficelles du personnage joué par Marie Drucker, qui ne cache guère ses ambitions d'évolutions auprès du conglomérat, le mépris caractérisé du big boss américain, le manque de courage d'un cadre qui se range finalement du côté de sa direction quelques années avant son départ en retraite. Pour paraphraser un film de Brizé, on pourrait parler d'hommes et de femmes en guerre contre un invisible, le capitalisme, qui n'en finit pas de faire des vagues. Et tout ça est montré avec beaucoup de courage, sans en faire trop.