Bobo-logie
L'amour, pour moi, est un sentiment délicat qu'il faut savoir manier avec douceur et tendresse. Quand vous en parlez, surtout au cinéma, il faut que le spectateur ressente que cela vient du coeur et...
le 2 sept. 2015
12 j'aime
Pour l'occasion, je vous propose deux critiques : celle que j'ai écrite en 2009 lorsque j'ai découvert le film pour la première fois, et celle de 2020 suite à son revisionnage.
Première critique (2009) (9/10) :
Après un "Changement d'adresse" déjà délectable, Emmanuel Mouret revient encore plus fort avec ce "Un baiser s'il vous plaît" mémorable. Il est impressionnant de voir à quel point le réalisateur semble tout contrôler de bout en bout, entrecroisant avec bonheur deux relations amoureuses traitées avec une indescriptible délicatesse. Mais loin de se regarder le nombril, Mouret consacre corps et âme sa mise en scène à ses personnages, auxquels il offre des dialogues absolument somptueux (peut-être les meilleurs de l'année 2007) et des situations absolument irrésistibles, d'une drôlerie et d'une finesse sans pareille.
De plus, le film sait garder un rythme de croisière jusqu'au bout, et va même jusqu'à se bonifier dans une dernière demi-heure menée de main de maître et d'une indéfinissable justesse. Tout cela jusqu'au bouleversant plan final, sans aucun doute l'un des plus beaux qu'ils m'aient été permis de voir depuis longtemps. C'est simple : rare ont été les metteurs en scène à avoir traité avec autant d'intelligence et de sensibilité les rapports amoureux. L'un des tout meilleurs films du 21ème siècle : tout simplement magnifique.
Seconde critique (2020) (8/10) :
Toujours compliqué de revoir un film dont on garde un souvenir émerveillé, tant le risque d'être déçu est au moins aussi grand que d'être conforté dans cette première impression. Pourtant, ai-je vraiment été déçu pour baisser ma note d'un point ? Peut-être très légèrement, mais pas plus que ça. Il y a cet effet de surprise qui, même onze ans après, n'opère plus vraiment, la « faute » également au cinéma d'Emmanuel Mouret, duquel je suis maintenant familier à travers les titres réalisés entre-temps. Je garde néanmoins une tendre aussi infinie que particulière pour « Un baiser, s'il vous plaît », sans doute mon préféré avec le dernier en date : « Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait ».
Un peu moins éblouissant que dans mon souvenir, connaissant désormais bien les rouages de la « mécanique à Manu », celui-ci n'en a pas moins un atout essentiel (parmi bien d'autres) : le charme. L'acteur-réalisateur, à rebours des blagues potaches et autres lourdeurs caractérisant tant de comédies lourdingues aujourd'hui, fait preuve d'une douceur, d'une délicatesse constantes, son indescriptible amour pour les mots se ressentant dans pas mal de situations assez délicieuses comme dans l'écriture des personnages, à la naïveté assumée et au raffinement évident. Mouret semble même anticiper les « reproches » que l'on s'apprêtait à faire : à l'arrière-plan pendant une bonne partie du film, les seconds rôles finissent par trouver une place essentielle dans le dernier tiers, amenant le récit dans une autre direction et le renouvelant presque totalement, le ton joliment burlesque laissant place à une mélancolie, une tristesse vraiment émouvante jusqu'à une scène finale absolument magnifique, où le cinéaste est clairement au sommet de son art.
Avec, comme toujours, une merveilleuse utilisation de la musique classique, ce talent pour mêler les récits, bien qu'il le fera de façon encore plus aboutie en 2020. C'est fou d'ailleurs comme « Un baiser, s'il vous plaît » apparaît comme une sorte d'original des « Choses qu'on dit, les choses qu'on fait », certes plus comique, avec des histoires et des personnages différents, mais quasi-similaires dans leur structure, leur narration, leur propos, les questions qu'ils posent sur la complexité du sentiment amoureux... Bref, si je le découvre onze ans plus tard sous un angle nouveau et un peu moins ému, ce marivaudage moderne reste l'une des œuvres les plus abouties de son auteur et, peut-être, celle que je préfère encore aujourd'hui : du vrai, beau cinéma.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2007 et Les meilleurs films d'Emmanuel Mouret
Créée
le 25 mars 2018
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