Une longue averse
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Claire Denis s'essayant à la comédie (dramatique) : c'est du moins ce qui nous était vendus, à tort... Ou plutôt : autant j'ai bien vu le côté dramatique, autant l'aspect comique... Quand j'y pense, j'aurais pu le massacrer, ce « Beau soleil intérieur » (très joli titre, au passage, sans doute ce qu'il y a de plus réussi). Car pour ceux qui reprochent au cinéma français de ne s'intéresser qu'aux bobos parisiens ne se préoccupant que d'eux-mêmes, ils ont ici une véritable mine d'or. Dialogues prises de tête et prétentieux au possible, où chacun sembler chercher à aller au bout du bout de la caricature bourgeoise libidineuse (Xavier Beauvois) et des artistes intellos (Nicolas Duvauchelle).
Et je ne parle même pas de l'héroïne, peintre faisant absolument tout pour gâcher sa vie mais s'étonnant que ça aille mal, aux coups de sang grotesques et passant son temps à se plaindre au point d'apparaître fort répétitive. Pourtant, je mets quatre étoiles. C'est que Denis sait filmer Paris (notamment la nuit), et aussi agaçant soient-ils, ces protagonistes expriment quand même quelque chose sur le mal-être, la solitude, la difficulté de rencontrer et d'aimer quelqu'un aujourd'hui...
De plus, s'il y a bien une actrice qui pouvait rendre (vaguement) supportable ce personnage principal, c'est bien Juliette Binoche : elle a la force, la présence, la sensualité nécessaire pour parvenir à un portrait presque touchant dans ses meilleurs moments, malgré l'écriture épaisse et presque déplaisante de Christine Angot, sacrifiant par ailleurs plusieurs figures qui auraient pu éventuellement apporter un peu de douceur au récit, même si cela peut aussi se justifier par cette « valse d'hommes » tournant autour d'Isabelle sans jamais y rester bien longtemps.
D'autant que la dernière scène, très réussie dans ce qu'elle exprime comme son déroulement audacieux à tout point de vue (Gérard Depardieu éclipsant au passage tous ses homologues masculins), permet de conclure sur une note plutôt positive, excellente démonstration de ce qu'aurait pu être l'œuvre si la réalisatrice n'avait pas autant cédé aux mondanités presque déplacées polluant si souvent le cinéma français. Décevant, souvent irritant, sans être totalement raté.
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Créée
le 6 mai 2018
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