Non, ce n’est pas la comédie italienne des années cinquante qui a inventé cette étrangeté un peu bâtarde qu’est le film à sketchs…

En France, cette veine commence même bien plus tôt et nous avons ici un exemple de 1937 pour un genre qui semble tenir tout particulièrement à cœur à Duvivier puisque vingt-cinq plus tard il tâtera toujours de la chose en fin de carrière avec Le Diable et les dix commandements...

En 1937, Duvivier est un peu au sommet de sa première carrière, La Bandera, La Belle équipe, Pépé le Moko ont tous moins de deux ans, le dernier titille fortement le regard outre-Atlantique et cet exercice de style au casting prestigieux permet au cinéaste de valider son billet pour Hollywood.

Comme souvent avec le genre, il faut un point de départ qui va entraîner les différentes mini-histoires jusqu’à la chute finale. Ici, c’est une jeune veuve qui redécouvre le carnet de bal de ses seize ans et va partir à la recherche de tous ses anciens prétendants qui s’y trouvent inscrits…

Comme souvent aussi, hélas, avec le genre, les différentes parties sont souvent inégales et leur raccordement pas toujours idéal pour conserver un rythme à l’ensemble, pas sûr que le média se prête si bien que ça au format recueil de nouvelles…

Néanmoins, il reste des moments absolument savoureux lorsque l’interprète principal en vaut la peine et que Henry Jeanson n’a pas oublié qu’il sait être le plus grand dialoguiste du cinéma français. Harry Baur est assez chouette pour diriger les petits chanteurs à la croix de bois, Louis Jouvet a quelques bons moments dans son histoire mal écrite d’avocat-gangster et Fernandel est né pour être coiffeur pour dames avec option tours de cartes ringards…

Mais cela ne suffirait bien entendu pas à sauver le film s’il n’y avait Raimu. Raimu, le plus merveilleux acteur français ou presque, un des seuls à justifier la vision de chacune de ses apparitions sans besoin d’autres arguments et qui nous offre ici un de ces rôles inimitables dont il a le secret. En maire qui s’apprête à épouser sa bonne, Raimu transpose tout cela dans un registre tout autre, le boulevard avec des cigales, le vaudeville à la bouillabaisse, le comique avec de la tendresse gourmande derrière et rien que pour ce moment-là, le film mérite les petits sacrifices imposés par les sketchs plus faible et la fin fadasse. Faut dire qu’un Raimu pareil, qui donne envie de sangloter derrière son rire d’enfant, ça vaut toutes les leçons de cinéma du monde.

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le 5 nov. 2013

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Torpenn

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