Les Italiens, souvent peu fidèles à leur réputation d’êtres sanguins & fermés, sont particulièrement ouverts quand il s’agit d’aborder des sujets délicats au cinéma. D’être différent, par exemple, parce qu’on est soi-même ou alors aveugle.
Contrepied ou vision fidèle, difficile à dire, quoique la vision d’un père petit bourgeois qui envoie son fils dans le Nord pour qu’il se trouve une compagne est d’une absurdité douce qui peut servir d’indice. En matière de douceur, l’on sera gâté dans tous les cas : Neri Marcorè sert d’interprète à un personnage dont la personnalité un peu autiste n’aura de cesse d’étonner sans surprendre.
Contradiction ? Mais non, vous le connaissez, ce professeur excentrique qui instille sa petite révolution non-violente, celui qui jette les vieux livres & cite du Ovide quand ce n’est pas ”carpe diem”. Polyglotte & infantile, humble & pédagogue, les qualités du personnage m’ont marqué à titre très personnel & je ne peux pour ça que louer le travail de Marcorè. Cela rend son binôme, Vanessa Incontrada, d’autant plus difficile à supporter. Ses intonations sont répétitives, toujours perchées dans les aigus d’une fin de phrase, & c’est par son seul acte de présence qu’elle donne la réplique.
Beau & simple, Il Cuore Altrove est hélas peu mémorable, car il est humble lui-même. Le père est habilleur du pape est c’est là le degré de sensationnalisme que s’autorise Avati pour éviter de devenir une romance frustrante trop tachée de manipulation & de naïveté. C’est peu pour dire que l’amour était aveugle… jusqu’à ce qu’il y voie clair de nouveau.
Quantième Art