Le miracle de ce film tient en un mot: simplicité.
Une simplicité marque de fabrique de son auteur. Mieux, un label de qualité !
Simplicité du fil narratif.
Réalisé par tout autre (ou à un autre époque qui sait ?), il semble impossible de nous tenir en haleine avec si peu d'évènements. D'AUTANT PLUS quand on sait comment cela finit, puisque c'est le titre du film.
J'expliquais il y a peu que s'inspirer d'une histoire vraie ne suffit pas à faire un bon film (cf critique "la guerre est déclarée"), Bresson montre avec une maitrise absolue qu'adossée à un récit authentique, une trame simple peut faire des merveilles: c'est ici l'absence de rebondissements propres aux thrillers habituels passés à la moulinette des différentes écoles de scénaristes qui crée tout le suspens.
Simplicité de la réalisation.
Aucun plan inutile, aucun mouvement de caméra superflu, aucun effet factice, quel plaisir, quel soulagement ! Dépouillée jusqu'à l'os, la trame, tendue, est parfaitement accordée avec la mise en scène, simple et efficace. Un raffinement dans la sobriété inouï.
Simplicité dans l'interprétation.
Les acteurs sont plus vrais que nature, à tel point qu'on se demande deux ou trois fois si on ne serait pas devant un documentaire d'un autre type (pas d'autre solution autrement, pour s'immiscer dans l'intimité d'un résistant détenu en 1943 dans un prison Lyonnaise).
Robert Bresson avait prévenu: le récit du condamné évadé était si puissant qu'il n'avait pas besoin de l'enjoliver, qu'il nous la livrait "sans ornement".
Encore fallait-il savoir le faire.
Il l'a fait. Tout simplement. Très simplement. Admirablement.