3, quitte à être condamné
L'évasion d'un résistant condamné à mort en 40. Un sujet bon et simple qui me fait penser à l'histoire d'un Papillon qui parviendrait enfin à s'évader sous nos yeux. Une histoire vraie en plus ! De quoi aiguiser mon appétit de frissons et d'émotions. Voyons..... Hop et
Voilà, les dernières images du film seront conformes à mon ressenti.
Cette fuite nocturne du héro et de son compagnon d'échappée, faite presque tranquillement sous les lampadaires, le long des murs de la prison, en délaissant le sous-bois obscur qui longe la route, est invraisemblable dans un contexte d'histoire vraie et ne me plait pas du tout comme beaucoup d'éléments de ce film.
Alors en effet, le style de Bresson est parfaitement défini, dépouillé à l'extrême. Une esthétique que j'apprécie, une certaine pudeur, comme une invitation au calme et au repos de l'esprit.
Mais, tout au long du film j'ai constaté que le dépouillement à signifié pour Bresson l'absence de tensions au sein de la prison, comme celle de la moindre tentative d'emprise du désespoir sur notre héros. Pas plus de souffrance physique ou psychologique d'ailleurs. Ni de problème matériel !.... Pas davantage de peur durant l'évasion ! Bien entendu pas de suspense non plus bien sur ! Pensez-donc..., tout cela ne correspond certainement pas au styyyyle recherché..
Il y a aussi la narration parfaitement tranquille et linéaire tout au long du film, même durant l'évasion à proprement parlé, à un moment ou l'on se demande sincèrement comment il est possible de conserver une telle nonchalance (alors que l'on peut être découvert, pris pour cible, et ziguouillé à chaque seconde ! ). Énigmatique.
Comme tellement d'autres choix...Et j'en suis donc à me demander pourquoi la plupart d'entre nous aiment l'utilisation d'un style qui consiste par exemple à ne pas filmer les visages des geôliers ou à superposer cette lecture froide et déshumanisée ?
Personnellement, tout cela ne me permet pas de partager les sentiments de frustration et de colère. Des sentiments dont on est pourtant fatalement atteint dans une telle situation d'enfermement et dans un tel contexte, dont le ressenti doit d'ailleurs occuper une place importante dans la journée d'un condamné. Sans trouver de réponse.
Les scènes filmées auxquelles j'ai assisté évoquent malheureusement davantage la pauvreté des propos que la simplicité de style. L'évasion extraordinaire et prometteuse de ce héros sera devenue une simple anecdote perdue dans le flot d’événements de cette guerre effroyable.
Une anecdote qui nous relate comment il a été possible à quelqu'un de parvenir à s'évader en sabotant la porte en bois de sa cellule, et en utilisant des crochets et une corde issus de la transformation de matériaux du lit de service. RIEN D'AUTRE OU PRESQUE. Comme un fait divers présenté de façon anodine !
Avec le sentiment amer de ne rien connaître de plus du sujet que ce que j'aurais pu en comprendre en une dizaine de lignes. Un ressenti aux antipodes de celui qu'a pu par exemple me procurer Franklin J. Schaffner dont le Papillon est toujours capable de m'émouvoir après 94 visionnages.
Faire simple est souvent très compliqué ; au risque d'y sacrifier les émotions, ou la vraisemblance des détails, ou une certaine richesse des propos. Ou même les 3 à la fois comme c'est le cas ici. Or le cinéma que j'aime n'accepte ce genre de sacrifices pour un tel sujet, faits à dessein ou non. Pas plus qu'il n'invoque l'esthétisme comme une fin en soit.