Le diner de cons
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Où sommes-nous ?
On entre en ce film comme dans un rêve, pas certains de ne pas avoir raté quelque chose qui nous mènerait là, et toutefois pas certains de s'en soucier.
Une alchimie d'étrangeté, de liberté, d'originalité... Réjouissante et à la fois imparfaite, ostentatoire, "bancale" (comme dit l'un des personnages de son petit fils schizophrène).
La puissance chevauchant la fragilité, la cruauté parée de banal.
Le film impose sa voie bien à lui, et nous entraîne de bout en bout de son long cours (près de 2h30) sans jamais affaiblir notre attention. Qualité qui devient parfois défaut, quand l'impression de l'empilement de morceaux de bravoure se fait sentir.
Le silence qui suit Mozart est encore du Mozart, paraît-il. Hélas, ici, de silence, il n'y en a guère, la faute à un montage plus nerveux que ses scènes l'auraient mérité. On ne se pose jamais, on ne s'attarde pas, et l'on manque ainsi l'occasion de s'attendrir véritablement, pris dans le tourbillon d'un auteur qui veut tant dire.
En parlant de Mozart... Ah, comme une musique décalée peut être plaisante, mais comme elle peut également trahir l'intention première, lorsqu'elle se fait un peu envahissante, omniprésente, si variée qu'elle manque de structure, de chair, de personnalité propre. On la ressent et la remarque lorsqu'elle ne devrait que souligner.
En parlant d'auteur qui veut tant dire... Pourquoi ces dialogues si romanesques ? Parfois merveilleusement ambitieux, parfois simplement ampoulés, hors du coup, irréalistes tant tout le monde y a droit, toutes générations confondues.
Mais ce sont les défauts d'une générosité manifeste, d'un plaisir de cinéma qui fait plaisir à voir. Il y a dans ces libertés formelles (voix off inattendues, passages littéraires en citations, adresses à la caméra) quelque chose qui pourrait sonner comme une formule Desplechin et qui pourtant emporte le morceau ; un je-m'en-foutisme tranquille, une partition foutraque.
Et tout le monde s'amuse, et comme c'est bon. Les acteurs papillonnent et étincellent y compris dans les moments les plus crus, dans les répliques les plus sadiques, les désespoirs les plus noirs. Du plaisir collectif de raconter une histoire, de raconter des gens, des personnages forts, des tragédies de la vie, des moments de lumière.
Amalric mérite une nouvelle fois tous les hommages, dans ses petits souliers de mec insondable, odieux, torturé, brillant et dégueulasse à la fois.
Et puis, à le revoir ainsi, si présent, si fort et subtil, l'on se dit que Jean-Paul Roussillon manque et manquera cruellement au théâtre et au cinéma français.
En parlant de théâtre... On quitte ce film presque abruptement, sans tout savoir, sans tout saisir, sans tout conclure. Comme à l'aube au sortir d'un rêve, à nouveau. Et surtout, on le quitte aux mots de Puck, l'esprit folâtre crée par Shakespeare au cours du Songe d'une nuit d'été, disant adieu au public avec malice et toutefois nostalgie : "Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, pensez ceci : vous n'avez fait que dormir, tout ceci n'était qu'un rêve et tout sera réparé" (et je ne constate qu'en le recopiant que l'idée du rêve revient à nouveau!)
Une fin lumineuse, qui nous fait soudain réaliser que malgré les imperfections qui émaillent ce film, nous quittons ce conte de Noël avec regret.
Créée
le 21 juin 2013
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