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A Cry in the Dark est la reconstitution édifiante d'un fait divers qui se déroula à Uluru (Ayers Rock) et qui secoua l'actualité australienne pendant plus de 10 ans.
En 1980, alors qu'ils sont en vacances au pied du fameux rocher, le bébé de la famille Chamberlain disparait. La mère, Lindy, aperçoit un dingo s'échapper de la tente, elle est persuadé que l'animal vient de voler son bébé.


"A Dingo took my baby !"


On retrouvera plus tard le pyjama ensanglanté du bébé, soigneusement plié et déposé par terre. L'enfant, lui, ne sera jamais retrouvé. Commence alors une affaire extraordinaire que la presse transforme en phénomène de société. Un peu comme pour l'affaire Grégory, le pays se déchire pour savoir qui de la mère ou du dingo est coupable et ils sont nombreux à vouloir brûler la "sorcière". Les rumeurs et les accusations fallacieuses s'accumulent en même temps que les plaisanteries et que fleurit un peu partout le slogan "The Dingo is Innocent". En 1982, un procès agité et rocambolesque se tient à Darwin où un certain nombre d'experts plus ou moins douteux chargés d'éclaircir les mystères de l'affaire afin de déterminer si la mère est coupable ou non. Un dingo peut-il emmener un bébé dans sa gueule ? Pourquoi ne retrouve t'on pas de salive sur le pyjama, pourquoi le pyjama était plié et que seul un bouton était ouvert ? Au fil des semaines, la plupart des expertises se contredisent et l'instruction mène lentement vers la reconnaissance de l'innocence de Lindy Chamberlain mais contre toute attente les jurés la déclarent coupable, consternant une partie de la nation. Elle est condamnée à la prison à perpétuité et l'histoire aurait pu s'arrêter là, laissant la mère seule avec son destin désolant si quatre ans plus tard la police n'avait pas retrouvé un petit gilet ayant appartenu à l'enfant, disculpant la mère qui sera finalement graciée. Quelques années plus tard, en 2012, 32 ans après la disparition de l'enfant, la cause de la mort est directement et officiellement liée à l'attaque d'un dingo.


Le film de Fred Schepisi est une reconstitution qui semble fidèle mais qui reste plutôt falote. La prestation de Meryl Streep dans le rôle de Lindy est spectaculaire, même si un brin attendue, celle de Sam Neill en pasteur adventiste est tout à fait correcte mais le scénario ne lui offre pas forcément de quoi particulièrement briller. La mise en scène reste très fonctionnelle même si la succession de dizaines de lieux différents où des anonymes commentent l'affaire reste un procédé plutôt efficace. Ce qui est plus surprenant c'est le choix de prendre fait et cause pour la mère dès le début du film. De plus, contrairement a la "gothic horror" australienne où l'outback est un danger que l'on affronte en perdant une partie d'humanité, le film, du moins son propos initial, se rapproche plutôt de la tradition du thriller écologique où l'Homme est confronté aux conséquences désastreuses de ses actes. Schepisi et son scénariste ont choisi de montrer le dingo avant l'incident et surtout de le montrer de plus en plus hardi face aux humains à cause du comportement déplorable des touristes qui lui jettent de la nourriture, exonérant ainsi la culpabilité de l'animal et évitant très justement d'en faire une bête féroce qui roderait dans un wilderness terrifiant. Cette approche ne laisse aucun doute au spectateur et Un Cri dans la Nuit se détourne du récit d'une enquête qui mettrait le spectateur face à ses convictions intimes pour celui d'une injustice populaire et juridique, d'une foi brisée et de l'inlassable combat d'une mère qui a été accusée à tort d'avoir assassiné sa fille... Au fur et à mesure que l'intrigue progresse, le film se resserre sur elle, se débattant presque seule au coeur d'une hostilité générale; et délaisse ce qui me semble pourtant être le véritable intérêt de cette histoire, ses effarantes répercussions dans la société australienne de l'époque ainsi que le phénomène de rumeurs qui circulèrent dans tous le pays, animant les comptoirs des pubs du pays entier jusqu'à finalement pousser un jury à l'erreur judiciaire, votée à l'unanimité.


Sinon y'a Reg Evans (le chef de gare de Mad Max 1) parmi les jurés...

MelvinZed
6
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le 3 juil. 2020

Critique lue 510 fois

Melvin Zed

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