L'art du pilleur de troncs
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Voilà un petit miracle d'humour et de qualité, filmé dans un monde qui n'existe plus. Celui où les églises étaient encore fréquentées, celui des aristocrates désargentés, des curés en soutane et des bedeaux un peu benêts, celui des troncs dans les églises, dois-je expliquer que les troncs ne sont pas des troncs d'arbre où on s'asseyait mais des boîtes installées pour recueillir les dons des fidèles, boîtes qui à l'époque étaient bien remplies et non pas comme maintenant vides comme les Caisses de la Sécu. Et qui attiraient donc des pilleurs de troncs comme le drôle de paroissien héros sympathique de cette comédie qui n'épargne personne mais qui est plus légère que méchante. Gentiment moqueuse plus que cynique. Mais qui tire malgré tout sur plusieurs cibles. Sur les aristocrates ruinés qui refusent par principe de travailler. Sur les curés enfermés dans leurs paroles d'évangile. Et il tire bien sûr sur les flics à l'esprit embrumé par les apéros sifflés sur le zinc. Et il fait mouche à tous les coups.
Je confesse avoir une tendresse particulière pour ce film qui me rappelle mes visites aux églises avec leur odeur d'encens, avec la dame qui me gardait quand j'étais en culottes courtes et qui à chaque fois me faisait mettre une pièce à Saint Expédit, le saint patron des causes désespérées. J'ai vu en allant sur Wiki qu'il existe une légende selon laquelle son nom viendrait d'un colis contenant des reliques inconnues reçu par des religieuses et sur lequel était écrit « in expedito ».
Le casting est remarquable et contient beaucoup de noms connus, connus en tout cas de ceux qui sont nés avant les années 70 et outre un Bourvil inoubliable en fourbe et son complice le truculent Jean Poiret j'ai pu noter les noms côté flics de l'inégalable Francis Blanche, du colérique Marcel Pérez et du flegmatique Jean Tissier. A noter aussi la belle église Saint-Étienne-du-Mont où repose Blaise Pascal et c'est plutôt étonnant qu'aient pu se côtoyer là le scientifique mystique et l'anarchiste Jean-Pierre Mocky.
Mais ce qui est le plus drôle dans le film c'est que Dieu Tout Puissant se manifeste à chaque fois que Bourvil risque d'être coincé. Il y aurait donc un Dieu pour les crapules. Et le film semble lui aussi touché par la grâce. Comme une preuve que Dieu existe ! Mais surtout pour pour les radins, les râleurs, les ramiers, les rastas, les anars, les aristos, les riches et tous ceux qui vont bien. Comme le dit Bourvil, Deo gratias ! Merci mon Dieu !
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Créée
le 11 avr. 2023
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