On le sait, John Cassavetes aimait tourner auprès des siens faire les films qu'il voulait. Alors la surprise est grande quand on voit celui-ci, le 3eme de sa carrière, consacrée aux malades handicapés mentaux.
Tout le film va être centré sur Reuben Widdicombe, un jeune autiste admis dans un centre hospitalier, et qui va être pris en charge par un docteur, incarné par Burt Lancaster, et dont une professeure de musique, jouée par Judy Garland, va s'intéresser à son cas. Ceci alors que ses parents semblent presque le laisser à son sort, notamment à travers une scène d'introduction formidable qui, telle qu'elle est filmée, montre l'enfant dans une voiture, mais comme si il était emprisonné.
Il en résulte un film sur les malades, avec la présence courageuse de véritables handicapés mentaux, pour un résultat qu'on ne peut que regretter.
En effet, le producteur, Stanley Kramer, a complètement remonté le film, dans le dos de Cassavetes, et favorise le message selon lequel ces enfants devraient être enfermés dans ces centres, alors que le réalisateur prônait le contraire, à savoir que la société les avait rendus anormaux et qu'ils ne doivent pas être jugés comme tels.
Du coup, Cassavetes rejettera toujours le film et le forcera à revenir à plus d'indépendance, où il gardera le final cut.
Cela dit, même si le propos du film a été massacré, il en reste une très bonne maitrise technique, et le final vraiment touchant qui est une pièce de théâtre entièrement tournée par les enfants. On voit bien qu'ils ont du mal avec leur texte, mais leurs intentions seront saluées par le public, essentiellement constituée des parents qui les verront autrement.
Là où je tique beaucoup, c'est sur le choix de l'enfant principal, qui n'est pas du tout autiste comme son personnage, alors que tous les autres sont dans la réalité. Ça se voit beaucoup dans son jeu, on voit les ficelles, les tics qu'il essaie de provoquer, au point que ça provoque un véritable malaise par moments.
Par contre, les deux acteurs principaux, Burt Lancaster et Judy Garland, sont très bons, et on gardera en tête que c'est l'un des derniers rôles de l'actrice, laquelle ne cache pas son visage bouffi par l'alcool.
Un enfant attend fait partie de ces ratages qu'il reste intéressant à voir, car si le propos du film a été altéré, le sujet sur l'autisme et autres maladies mentales reste intéressant à traiter au cinéma.