Un été afghan
6.2
Un été afghan

Documentaire de James Ivory et Giles Gardner (2022)

Le nom original ; comme la traduction française, sont des titres à la puissance synthétique tout à fait remarquable.


Le film, lui, est très bavard. Manque sans aucun doute de confiance en lui-même. L'image et sa puissance évocatrice sont quelque chose que nous pouvons percevoir. Le texte par-dessus nous rappelle à cette leçon élémentaire de ne pas surligner quelque chose qui est déjà au premier plan, qui est déjà lisible. La proposition du texte, parfois, ajoute une douce amertume. Évoquer l'homosexualité comme l'élément de réflexion interne au narrateur ajoute cette perspective invisible dans l'image.


La narration au travers de Bâbur est aussi d'une pertinence évidente. Voir des images appartenant à un passé pas si lointain est lire des descriptions datant de plusieurs siècles par-dessus, les deux ayant en commun le lieu qu'ils décrivent. C'est, somme toute, le tour de force de la proposition. Car ce qui fait toute la spécificité de Kaboul ; aux yeux de nos deux narrateurs, c'est ce paradis perdu. Une image figée du temps, un lieu où personne n'est purement afghan. Seul le climat y est propre. Et c'est ça qui fait que l'on se sent idiot, ignare de cette ville. L'image que nous avons de Kaboul, ou de l'Asie centrale en général, c'est la misère matérielle, la pauvreté omniprésente. Nous sommes si peu sensibles à ce nom d'Afghanistan que nous en sommes à ne pas avoir d'image claire. Quiconque se remémore de ses voyage s'il a eu la chance de pouvoir en faire, se souviendra, que là bas on ne plante pas les arbres de la même manière, que l'on n'utilise pas la même peinture pour peindre les lignes sur la route, que l'on n'a pas les même largeur de fenêtre, que l'odeur dans les supermarchés n'est pas celle que nous avons dans les nôtres, que le goût du café n'est pas le même. Tout ça pour dire qu'avoir une image d'un lieu, c'est avant tout, avoir une idée personnelle de ce qui l'est. On peut dire que l'Afghanistan, c'est un pays où les montagnes sont arides et orangées, qu'il y a des types qui se baladent avec des turbans, mais ça, c'est juste un archétype, une image d'épinal. Au fond ce que l'on connaît d'un lieu ça n'est jamais son histoire. L'histoire sous ses airs de linéarité a quelque chose de systématique. Et c'est cela que nous retenons dans notre mémoire. Les mots qui forment les histoires, nous ne les conservons que par culture et idée que l'on se fait de ce qui doit être retenu. Une histoire véritablement utile est davantage liée à nos émotions plutôt qu'à un intellectualisme froid et aimable, qui existe uniquement par snobisme du vivant, du concret.


Je ne pense pas que le film dit tout cela. Maintenant vu que je le trouve assez convenu dans l'ensemble, j'aurais tendance à le penser comme une porte sur les perspectives qui m'intéresse personnellement. Puisqu'il laisse assez de place pour que le spectateur puisse s'y promener.

Propppane
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le 31 janv. 2024

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