Les frères Duke,patrons d'une société de courtage de Philadelphie,sont deux vieillards richissimes,arrogants et vicieux qui pour tromper l'ennui s'amusent à lancer entre eux des paris débiles.Leur dernière trouvaille est d'intriguer afin d'intervertir les places de Louis Winthorpe,leur directeur général,un fils de famille hautain et chicos,et de Billy Ray Valentine,un mendiant escroc qui traîne dans la rue,pour voir comment chacun des deux hommes va gérer son nouveau statut social.Si Valentine est un malin qui va très vite piger le système spéculatif et devenir la coqueluche du milieu,façon "Bienvenue Mr Chance",Winthorpe,coupé de ses privilèges,tombe dans la déchéance totale et ne doit qu'à la gentillesse d'une prostituée de ne pas se retrouver clochard.Film phare de la grande période de John Landis,"Un fauteuil" a pris du plomb dans l'aile vu de maintenant.Certes le scénario de Timothy Harris et Herschel Weingrod ne manque pas d'idées ni d'originalité,mais son traitement est souvent schématique et caricatural.Globalement,on a un début et une fin assez ratés,relevés par un corps du film plutôt réussi.Ca commence très mal avec des scènes théâtrales en forme de ballet ritualisé,avec déplacements chorégraphiés des personnages sur une musique simili symphonique d'Elmer Bernstein,et ça ne finit pas mieux avec un empilage de scènes ridicules à base de déguisements,de stratagèmes nases,de mallettes à échanger et de singes aboutissant à une conclusion moraliste peu crédible.Heureusement qu'entre les deux Landis trouve le ton juste mêlant humour noir et satire sociale pour parvenir à mettre en évidence l'orgueil démesuré et le mépris absolu dont font preuve les puissants à l'égard des petites gens,qui ne sont pour eux que des pions et des esclaves corvéables à merci qu'on peut utiliser et jeter selon les besoins du jour.L'étude sur l'inné et l'acquis se révèle d'une cruelle drôlerie,Winthorpe et Valentine étant au fond des naïfs.Le premier pensait sa situation définitivement établie et n'imaginait même pas pouvoir la perdre,ce qui rend ses réactions désopilantes lorsqu'il dégringole d'un seul coup les étages de la société.Il n'y croit pas au départ,persuadé qu'il y a une erreur,et il s'enfonce comme dans des sables mouvants en se débattant stérilement.Valentine est de son côté persuadé d'avoir affaire à des bienfaiteurs.Il prend goût au travail,au luxe et fait preuve d'une touchante bonne volonté avant de s'apercevoir qu'on l'a manipulé et qu'on va bientôt l'expulser du Paradis pour le renvoyer là d'où il vient,dans la rue.Au milieu intervient Ophelie,la catin pragmatique qui permettra à Louis de rebondir et aux deux lascars d'accomplir leur vengeance.Une belle galerie d'acteurs doués aide à maintenir un bon niveau.Dan Aykroyd est parfait en grand couillon déboussolé par la disparition de son confortable univers et Eddie Murphy,dont ce n'était que le deuxième film après "48 heures",crève l'écran en arnaqueur volubile.Jamie Lee Curtis,pute au grand coeur et au corps de braise,se montre émouvante et sexy.Les vétérans Ralph Bellamy et Don Ameche forment un réjouissant duo de vieilles canailles sans scrupule et Denholm Elliott,le pote d'Indiana Jones,est l'incarnation idéale du majordome imperturbable.Il y a aussi l'excellent Paul Gleeson en homme de main impitoyable,et la jolie Kristin Holby en fiancée snob.Parmi les petites apparitions on note la présence de James Belushi,le frère du défunt John qui était avec Aykroyd l'acteur fétiche de Landis,du réalisateur Frank Oz,du chanteur et musicien Bo Diddley,ainsi que de Giancarlo Esposito et Bill Cobbs.Note et critique de film de John Landis publiées précédemment:"Un prince à New York"-6.Moyenne:6.