Un fils est typiquement le film que je ne serais pas aller voir par moi-même. Heureusement pour moi, j'ai été invitée par Sens Critique pour une Cinexpérience (avant-première à l'aveugle) et j'ai eu le plaisir de le découvrir avant sa sortie.
Si l'histoire, par ces divers sujets épineux (entre autres les attentats terroristes, le don et le trafic d'organes), aurait pu aisément tomber dans les clichés, il déborde d'intelligence et de sensibilité.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un film d'action ou d'un thriller au budget ahurissant, c'est une histoire dont le suspens est parfaitement maintenu et dont on a du mal à sortir indemne.
Démarrant sur une séquence joyeuse qui nous dévie d'abord avec subtilité de ce qui nous attend par la suite, le récit bascule brusquement dans le drame et quel drame!
Brillamment écrit, Un fils est une oeuvre qui transperce par sa bravoure, sa justesse et sa véracité. Les interrogations sur la filiation (cf. le titre) et les liens du sang sont d'une pertinence rare, le politique se mêle au social, l'intime à la morale.
Par ailleurs, la sobriété de la mise-en-scène qui nous plonge au plus près des personnages à l'aide d'une caméra à l'épaule permet d'appréhender leurs émotions et de ressentir leur douleur en complète adéquation.
Enfin, on est aussi et surtout bousculés par les acteurs qui sont, eux aussi, pour beaucoup à la réussite du film. D'une part il y a Najla Ben Abdallah pour qui on ne peut s'empêcher d'avoir une grande empathie et de l'autre il y a Sami Bouajila (qui a obtenu le prix d'interprétation masculine au Festival de Venise pour son rôle) pour qui il est impossible de ne pas avoir de l'admiration. À eux deux ils forment un couple, une mère et un père, à qui l'inenvisageable va arriver.
Je suis loin d'être une spécialiste en ce qui concerne le cinéma tunisien néanmoins cette oeuvre m'a totalement bouleversée et je ne peux que vous la conseiller.