Dernier film de Jean-Pierre Melville, le plus américain des réalisateurs français, il est souvent méconnu, mésestimé ou mal compris. Certes, ce film n'a pas la force et la perfection des grands polars melvilliens tels le Deuxième souffle, le Cercle rouge et surtout le Samouraï... encore que Delon que Melville retrouvait pour la troisième fois, y insuffle une certaine froideur qu'il portait dans le Samouraï.
Le polar selon Melville qui tourne souvent à la tragédie grecque fonctionne de façon moins nette ici, malgré quelques touches du réalisateur, et on y retrouve quand même les thèmes forts de son univers de flics et de truands. Certaines scènes sont belles et étrangement surréalistes tel ce braquage de la banque dans cette station balnéaire vendéenne de Saint-Jean-de-Monts qui ouvre le film ; cet aspect désertique, ce vide hivernal et ce vent qui souffle apportent une touche atypique au monde du polar melvillien.
Polar noir encore une fois, qui orchestre la première rencontre entre Delon et Deneuve (qui se retrouveront plus tard dans le Choc), il fait hélas figure de parent pauvre dans la filmo de Melville, soi-disant parce qu'il est trop similaire à ses précédents polars, je trouve ça dommage, pour moi c'est un film réussi qu'il est urgent de réévaluer, même si j'ai conscience qu'il est inférieur aux films que j'ai cités plus haut. Delon y prouve qu'il peut dans un rôle de flic assez intériorisé, prétendre à être un grand acteur, bien entouré par un solide casting, dont quelques acteurs américains où l'on trouve notamment l'excellent Richard Crenna dans le rôle du truand.