Dès la première scène, on sait qu'on est dans du Melville. Des plans longs, ni musique ni dialogues, des cadrages impeccables, etc. Et une indécrottable fascination pour les polars américains. Tout y est : les truands qui ont la classe, avec chapeaux et imper, les voitures américaines (Plymouth pour les voleurs), les braquages, la boîte de nuit. Même le flic du tittre, qui s'appelle Coleman.
On sent bien que le réalisateur veut tout maîtriser. Et, comme d'habitude, Melville mise sur la sobriété et le gris. Il n'y a pas d'effet gigantesques, et pourtant le film ménage le suspense, voire même le spectaculaire.
Prenons exemple sur le braquage du début. Pas de musique à suspens, pas d'énorme fusillade. Mais une maîtrise du temps, de la narration : on voit les éléments se mettre en place petit à petit ; Melville laisse la tension monter progressivement. Puis, tout se déroule presque naturellement. Du grand travail.
Par contre, il faut bien avouer que l'autre scène censée être spectaculaire, l'attaque du train, tombe un peu à l'eau.
Ce qui m'a paru un peu plus surprenant, c'est que le flic (qui donne son titre au film, quand même) m'est apparu comme un personnage secondaire. Le récit s'attarde plus sur les voleurs. On sent même une certaine empathie avec eux. A l'inverse, le commissaire Coleman est peu sympathique : brutal; sûr de lui, n'hésitant pas à humilier les témoins. La scène avec le travesti est assez significative.
Ce n'est incontestablement pas le meilleur Melville, mais c'est quand même un bon film, avec tous les éléments constitutifs du polar (même si je le classerais plutôt dans les drames).