On ne connaissait pas bien Jean Gabin (on l'avait vu dans trois ou quatre films, mais le bonhomme en lui-même...), grâce au talent (prodigieux) d'Yves Jeuland pour les documentaires intéressants, voilà chose faite. Autant le dire de suite : on pensait s'ennuyer ferme, n'étant pas de la génération passionnée par l'acteur, mais à la sortie de la salle, on n'a qu'une envie : rattraper les 95 films de Gabin (adieu vie sociale, sauf avec pépé qui a la collec'). L'heure trois-quarts a filé sans que l'on ne s'en rende compte, oscillant délicieusement entre archives introuvables, interviews passionnants de l'acteur à tout âge, extraits de films pour illustrer les propos... Surtout si vous n'y connaissez rien (comme nous), le documentaire d'Yves Jeuland se met à votre niveau : si les connaisseurs auront deviné en trois mots de quelle scène dans tel film l'on parle, les autres auront besoin de la voir pour comprendre, alors on la voit. Tant pis pour ceux qui râleraient d'une redite par rapport à leurs pré-requis (ceci dit, on n'a trouvé aucun fan qui avait trouvé le film "trop bas" pour lui, donc on imagine totalement cet argument), mais de notre côté, on est plus que ravis que le docu ne nous prenne pas de haut, avec notre niveau de pré-requis au ras des pâquerettes. On explore tout de Gabin : sa vie, sa carrière au cinéma (dont il ne voulait pas ! Il voulait être chanteur... Ça alors !), son intimité, ses différents rôles marquants (en fonction de ses âges : le beau gosse, le bourru mafieux, le papy "bonne France"...), on ressort en ayant la tête bien pleine, sans avoir forcé le moins du monde. Si l'on doutait du talent de Jeuland pour nous intéresser à tout, ce Gabin a finit de nous convaincre de l'inverse : on s'est passionné pour ce docu sans connaître le bonhomme. Et maintenant, 95 films, c'est parti...