Héros remarquable et inoubliable de la trilogie du « dollar » de Sergio Leone, protégé et acteur favori de Don Siegel, Clint Eastwood est apparu maintes fois devant la caméra, mais n’avait encore jamais été de l’autre côté de l’objectif jusqu’à sa première expérience en tant que réalisateur, avec Un Frisson dans la Nuit, en 1971.
Rares sont ceux, aujourd’hui, qui doutent des qualités de Clint en tant que réalisateur. Mais ce premier essai, déjà, était très concluant. Non sans emprunter quelques inspirations du côté d’Alfred Hichcock, il prend le temps de planter son décor, d’en montrer les plus beaux aspects avec déjà une certaine maîtrise, avant de peu à peu faire monter la tension, et de faire du danger une obsession. Le studio radio, espace clos, enveloppé par la musique dans une atmosphère nocturne, se retrouve soudainement envahi par cette voix à la fois sensuelle et inquiétante qui demande à Dave "Play Misty for me". Cette première intrusion dans la vie de Dave devient alors l’ouverture idéale pour la folie hystérique de cette admiratrice anonyme qui ne tardera pas à se dévoiler, d’abord douce et défiante, et qui deviendra peu à peu instable et en proie à une folie meurtrière dévastatrice.
La prestation de Jessica Walter dans le rôle d’Evelyn, la fameuse admiratrice de Dave, est saisissante et inoubliable. Un brin surjouée, ses accès de folie et son regard hystérique font d’elle l’ennemie idéale de cet homme flegmatique, cachant ses émotions, à l’image de Clint et des divers rôles qu’il a pu jouer. Thriller glaçant, il transforme une anonyme en une tueuse impitoyable et imprévisible, comme une sorte d’image de la groupie fatale, arrivée à un niveau d’obsession inimaginable. Bien qu’espéré, le dénouement reste incertain jusqu’à la fin et se conclue sur une ultime explosion de violence, achevant la gradation qui court tout au long du film. Pour sa première expérience en tant que réalisateur, on peut donc considérer que Clint Eastwood réussit une belle performance, pour un bon thriller des 70s !