Ayant observé maintes fois le déroulement des tournages, Clint décida qu'il était temps pour lui de s'y mettre aussi.
Il choisit donc de mettre en image un scénario narrant le harcèlement progressif d'un animateur radio par une de ses fans.
Eastwood souhaitant changer de registre au niveau acting, il s'octroie donc le rôle principal, soit un homme "basique" faisant son travail avec entrain, avec ses joies et ses peurs. Ce qui l'amène donc loin de ses personnages virils de western ou autre films d'actions, qu'il a tourné jusqu'à présent.
Pour interpréter la trouble Evelyne, c'est Jessica Walters (bon nombre de séries TV, le multi-oscarisé Grand Prix et dernièrement la voix originale de Mallory Archer dans l'irrévérencieux show animé, Archer).
Donna Mills (la série TV Côte Ouest) et le réalisateur Don Siegel, complètent le casting.
Play Misty For Me est donc un thriller mettant en scène la folie progressive d'une femme, envers son objet de désir, soit Dave Garver.
Allant crescendo dans l'illustration de ce cauchemar, le film est réalisé de manière sobre par Eastwood, qui s'autorise une séquence romantique uniquement rythmée par la chanson "The First Time Ever I Saw Your Face" et une autre nous faisant assister au Monterey Jazz Festival 1970. Cette dernière séquence peut sembler gratuite, mais c'est avant tout un plaisir perso que se fait Eastwood, lui qui a toujours été un adepte du Jazz.
Il est d'ailleurs à noter que lorsque Dave/Clint et ses amis arrivent au concert, nous pouvons voir que Clint (pas son personnage) se laisse emporter par la rythmique. Cette séquence du festival (rappelant un peu le Woodstock de Wadleigh, dans son filmage) dénote dans l'atmosphère générale du film, mais fait le lien avec les nombreuses affiches du-dit festival, visibles dans beaucoup de plans du film (chez Dave, dans les locaux de KRML, chez Tobie...).
Prévu à l'origine pour être tourné à L.A, Clint insista pour "travailler à domicile", soit à Carmel (Californie du Nord) où il résidait déjà.
Préfigurant le Fatal Attraction de Lyne (et bien d'autres), le film vaut surtout pour le duo Eastwood/Walter. Là où Clint joue un homme dépassé par les évènements, Walter interprète finement ce personnage transi d'amour puis de haine, avec une facilité déconcertante.
De plus, le comportement de cette Evelyn a droit à un traitement réaliste, femme-enfant capricieuse se muant en une hystérique dangereuse qui aura droit à une fin somme toute "banale". Banale dans le sens où elle ne se relève pas une dernière fois (comme dans x films du genre) et sa mort est si rapide et sobre, que ça ajoute un grain de réalisme en plus.
Je n'avais pas vu ce film depuis bien longtemps et force de constater que celui-ci reste toujours efficace à mes yeux. Et le jeu de Jessica Walter est à ranger au côté des plus grandes (comme Bette Davis le fut).