De Sica a commencé la réalisation à la quarantaine, son art déclenché durant la guerre. Il fuit le mussolinisme de la deuxième mondiale pour en chercher une plus ancienne : le Risorgimento, le berceau de l’Italie contemporaine.


Difficile pour lui de se débarrasser de l’arrière-goût de la guerre : dans son quatrième film, les balles à noir et blanc de sa pellicule ont pour cibles la bourgeoisie et la religion, qu’il ridicule dans un humour salvateur, même s’il doit à tout prix placer un combat final entre Garibaldiens et Bourbonniens qui se trouve déplacé. Il rit jaune d’un chasseur maladroit qui tire sur le chapeau d’une dame respectable : ”quelle idée de porter un oiseau sur la tête ?”, se défendra-t-il en se voyant accuser d’assassin, de fusilleur.


La critique, l’odeur de poudre et la volonté de se changer les idées se mélangent dans le Garibaldien de De Sica alors qu’il tente de redorer le blason d’une Italie qui saigne. Tourné avec une énergie qui menace de partir en vrille, l’œuvre est une oscillation pamphlétaire assez jouissive quoique le réalisateur doive lever le pied à la mi-film pour éviter de déraper. ”Procédons dans l’ordre”, dit la vieille femme en relatant ses souvenirs, mettant un frein et un entr’acte à leur apparition sur notre écran.


Sombre et d’humeur jouette, De Sica tient à trouver toutes les variations aux conflits de bonnes familles : les romances courtoises et l’air hautain que les jeunes filles se rappellent tout juste d’afficher quand elles viennent de se montrer trop humaines, voilà ce qu’il faut attendre, entre quelques débordements de basse cour dans la haute cour que les personnages font les uns aux autres en s’autocongratulant.


Le film a l’étoffe d’être historiquement important. Il rate son coup mais il reste le plaisir de prises de becs traitées avec simplicité et dérision dans un contexte attrapé à la volée.


Quantième Art

EowynCwper
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le 30 sept. 2019

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Eowyn Cwper

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