De retour à la réalisation, et comme on est jamais mieux servi que par soi même, Josiane Balasko adapte sur grand écran sa propre pièce: Un grand cri d'amour. On ne pouvait choisir titre si ironique quand on voit que les cris échangés par les deux protagonistes principaux ne sont pas des plus courtois. En même temps, l'agent Sylvestre devait bien s'en douter que les retrouvailles de l'ex-couple Gigi Ortega (Balasko) - Hugo Martial (Richard Berry) sur la scène de théâtre n'allait pas s'accompagner de chaleureuses étreintes.
Entre Martial, acteur has been,colérique et imbu de sa personne, et Ortega, fraichement désintoxiquée, sur la paille financièrement et n'en ratant jamais une pour l'ouvrir, on ne sort jamais de la zone rouge et chaque répétition peut rapidement tourner au carnage. Il en faudra du courage à Léon, le metteur en scène, pour canaliser les deux fauves qui risquent à tout moment de s'entre-tuer.
Sur un synopsis à priori peu original, Balasko parvient à emballer une redoutable comédie, peu avare en joutes verbales et en répliques qui claquent. Dans le rôle de Gigi Ortega, Balasko était le seul choix possible et il faut dire que, comme d'habitude, elle nous gratifie d'une prestation remarquable dans son éternel rôle de femme qui en a. Face à elle, Richard Berry fait des étincelles dans le rôle d'Hugo Martial. Ajoutons également feu Daniel Ceccadi, parfait dans le rôle de l'agent manipulateur, et surtout Daniel Prevost, impérial en metteur en scène sous tension permanente. On peut aussi saluer Balasko d'avoir bien négocié sa dernière partie qui aurait pu virer au pathos mais, grâce à sa réalisation et aux talents des comédiens, parvient à faire autant rire que la première. C'est de la bonne comédie bien ciselée et qui remplit parfaitement son contrat.