Le bon goût des années 60
Suite à l'erreur commise d'avoir regardé le remake de 2013, je me suis dis qu'il fallait tout de même voir ce que tout ça pouvait donner avec Shirley MacLaine et Michael Caine.
Pour faire simple : j'ai pas été déçu ! La trame générale est la même mais traitée de manière "so 60s" : sérieux mais pas trop, classe mais cheap sur les bords, immoral tout du long pour finir simplement amoral et cynique.
Tout du long, le personnage de Michael Caine, en bon voleur arrogant et tête à claque, est détestable mais tellement cool qu'il sait pertinemment qu'au fond, on ne peut que l'admirer en secret.
Shirley MacLaine, autrement moins cul-cul que Cameron Diaz, joue aussi bien la fille un peu simplette et ne pouvant jamais se taire que l'arnaqueuse menant son premier crime ainsi que toutes les étapes de transition entre les deux.
Et le dindon de la farce, la victime de l'histoire, celui qui a en sa possession l'objet de tant de convoitise, n'a rien demandé : contrairement au remake édulcoré, il n'a jamais rien fait au personnage principal pour justifier le vol. Son seul vice, sa seule erreur, est d'être joueur et curieux.
C'est dingue de voir comment ont évolué les codes en 50 ans. Dans la version 2013, le personnage principal est un clown bon à rien mais qui est dans son droit car tous se lient contre lui. Dans l'original, ce n'est qu'une petite frappe à la grosse tête sur un gros coût.
Dans le remake, la meuf est "bonne", co-conne mais avec un sens des valeurs important. Son trait de caractère principal est son horrible accent texan. Et on la voit en sous vêtements. Dans l'original, la dame a du caractère, du charme, elle éprouvera des remords lorsqu'elle comprendra la situation et ne se laissera pas marcher sur les pieds.
Dans le remake, la victime du vol est un méchant très méchant, avec plein de vices et un égo sur-dimensionné. Dans l'original, il est raffiné, aimable et on se sent fautif que le personnage principal cherche à le voler.
Pour faire simple, tout est fait pour que le remake soit une bonne comédie romantique hollywoodienne sans saveur, politiquement correcte et respectant absolument tous les codes du genre. Un truc prêt à jeter après visionnage, en somme (voire même avant).
L'original, lui aussi, respecte les codes du genre (de l'époque) : amoral, pas sérieux mais ne cherchant jamais le rire facile. Bref, un caper movie des années 60. Un truc qui avait, selon les standards actuels, des couilles mais qui n'en était pas original pour autant à sa sortie. C'est bien le genre de film qu'il serait impossible de produire aujourd'hui.
Face à ça, et pour finir, tout le paradoxe moderne : la scène sexy du remake est Cameron Diaz en culotte et soutif, en plan large. Celle de l'original, ce sont les jambes nues de Shirley MacLaine, des pieds au dessus des genoux. Va comprendre...