1. Alors que les États-Unis sont entrés en guerre contre le Japon dans le Pacifique, le Royaume-Uni est toujours seul à lutter contre le III° Reich en Europe occidentale. Depuis quelques mois cependant, les Américains sont venus prêter main-forte à leurs cousins britanniques. La 8e US Air Force et ses bombardiers B-17 se sont installés en Angleterre, d'où ils effectuent des raids aériens stratégiques de bombardement de cibles nazies situées d'abord en France, puis en Allemagne.


Un Homme de fer, réalisé en 1949 sur un scénario de Sy Bartlett et Beirne Lay, Jr., authentiques vétérans de la Seconde guerre mondiale, raconte l'histoire de ces premiers combattants américains en Europe. Le (fictif) 918e groupe, basé à l'aérodrome militaire (fictif) d'Archbury près de Londres, subit de lourdes pertes depuis le début des opérations. La stratégie choisie par l'état-major est en effet particulièrement coûteuse : plutôt que de bombarder de nuit à haute altitude, les B-17 doivent larguer leurs bombes de jour pour plus de précision, s'exposant ainsi à la DCA et aux chasseurs nazis. Proche de ses hommes, le colonel Keith Davenport (Gary Merrill) vit très mal la situation.


Ses protestations contre un ordre de bombardement à basse altitude, jugé suicidaire, entraînent la visite à Archbury du major général Ben Pritchard (Millard Mitchell). Celui-ci identifie la cause du problème du 918 : Davenport lui-même, en raison de sa sur-identification avec ses hommes. Le brigadier général Frank Savage (Gregory Peck) est envoyé pour prendre sa place, avec pour mission de relever le moral des troupes, réduire les pertes et augmenter le taux de réussite des missions. En employant des méthodes diamétralement opposées à celles de son prédécesseur, le nouveau commanding officer s'attirera d'abord l'animosité de ses hommes, puis leur respect, puis leur adhésion. Mais, tombé à son tour dans le piège de la sur-identification affective, il n'en sortira pas indemne lui-même...


Sans en dévoiler davantage, voilà le pitch de cet excellent film de guerre, efficacement mis en scène par le grand Henry King et magistralement interprété par son acteur fétiche Gregory Peck. Tourné en 1948 en Floride avec d'authentiques B-17 de la guerre, Un Homme de fer peut s'enorgueillir de reconstituer de manière impeccable le quotidien d'un groupe de "forteresses volantes" durant le conflit. Très judicieusement, il utilise aussi d'authentiques images d'archives de l'USAF et de la Luftwaffe pour les scènes de combats aériens, qui se révèlent particulièrement saisissantes.


Mais l'essentiel du propos n'est pas dans l'action. En effet, Twelve O'Clock High est davantage centré sur "la vie à la base", et détaille avec une grande acuité les tourments endurés par ces militaires - pilotes, simples soldats et officiers supérieurs - et les moyens mis en œuvre pour tenter de les circonvenir. Loin d'un war movie classique tourné vers l'action, il s'agit là d'une véritable étude psychologique, qui laisse de côté la rhétorique guerrière habituelle sur la gloire, l'héroïsme et le patriotisme. Porté par un Gregory Peck au sommet de son art, entouré de seconds rôles non moins remarquablement interprétés (notamment Dean Jagger en officier bureaucrate efficient et Hugh Marlowe en pilote en quête de rachat), Un Homme de fer est un chef-d'œuvre relativement - et injustement - méconnu. À (re)découvrir de toute urgence, donc !

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le 4 janv. 2017

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