Guy Ritchie dont on connaît la technique avec sa rapidité d'exécution, son rythme nerveux et soutenu par ses jeux de montages, ellipses, ralentis et autres arrêts sur image, offre ici un bien pâle reflet de sa créativité. Après le repos du guerrier de Zack Snyder et son Army of the dead, c'est au tour de Ritchie de perdre sa verve.
Avec Arnaques crimes et botanique, coup d'essai pour la suite à venir de Tu braques ou tu raques, me ferait presque regretter les notes données. On se rappelle du coup avec nostalgie ses hors séries, tels le léger Agents très spéciaux, le curieux Révolver, et le non moins sympathique Roi Arthur qui assuraient toujours des bons moments à prendre sans rechigner.
Avec The gentlemen qui renouait avec le délire des situations, on s'était déjà un peu éloigné de la revisite originale des Sherlock Holmes, mais on se rattrape généralement sur le casting et rôles à contre-emploi, et de son ton british à nous débiter des dialogues qui n'en finissent pas.
Mais l'excès aussi jouissif soit-il, n'assure pas toujours le résultat, et Un homme en colère ne lésine pas sur la violence des échanges, mais semble s'y perdre, en oubliant ses dialogues et sa mise en scène jubilatoire.
Le cinéaste revient à son milieu des malfaiteurs et autres combines indélicates.
Avec son héros mystérieux, H, tout en économie de mot, comme il se doit, J.Statham fait ce qu'il sait faire le mieux. Maniant les armes à la perfection, et que l'on imagine en quête de vengeance, l'intrigue ne brille pas par son originalité et n'a que l'environnement des convoyeurs de fonds pour rappeler au film de 2004 avec A.Dupontel. Exit le fonds social au profit de trahisons et de résolution attendues. Quelques scènes de violence extrême sapées par des retournements plats, une action en berne laissant divaguer ses acteurs dans des échanges inutiles, et un faux suspense, servi par sa chronologie décalée et ses différences de points du vue bien peu dynamiques. Statham sera le seul de sa tribu d'acteurs à revenir sur le projet et on reste perplexe du jeu cliché de l'ensemble, tous semblant être en roue libre. Andy Garcia qui depuis quelques temps reste dans la figuration, n'est pas plus concentré que l'oublié Josh Hartnett, ou Scott Eastwood, absent, qui a bien du mal à se faire une place, en antagoniste playboy. Faute à un gros défaut de caractérisation de tous ses personnages au profit de notre Statham préféré, mais la lassitude semble l'avoir gagné lui aussi. Statique au regard fatigué, aux mouvements lourds, mais à la gâchette facile, pour ce père meurtri à l'émotion vacillante face au deuil qui ne trouvera son explication dans une série de flashbacks sans sursaut, et dont on peine à ressentir le traumatisme.
Seules restent quelques fusillades bien énervées et suffisamment longues pour y retrouver la marque du cinéaste. Un moment de flottement pour Ritchie, tant l'exercice semble être du domaine de la commande pour décérébrés, qui peine à revenir à son décalage et à ses joutes verbales bien senties.