Il paraît qu' Un Homme en Colère serait le bête remake du Convoyeur. Drôle de raccourci, surtout que, pour une fois, Miramax la joue cash en disant clairement que sa dernière oeuvre en date n'est qu' "inspirée de"... Mais bon, vu qu'aujourd'hui, il faut immédiatement catégoriser et identifier...
N'espérez donc pas voir ici la chronique sociale qui collait aux basques de ces travailleurs de l'ombre et décrite par Nicolas Boukhrief en 2004. Elle est réduite aujourd'hui à sa plus simple expression, se résumant à un humour balourd et des répliques au ras du gazon. Exit aussi la peinture d'une galerie de portraits charismatiques des collègues de l'ombrageux H.
L'intérêt de l'exercice est ailleurs puisque Le Convoyeur original sera totalement transformé en un énorme véhicule racé et pensé sur mesure pour porter sa figure de proue. Un Jason Statham que l'on n'aura peut être jamais vu aussi fermé, monolithique et impénétrable.
Guy Ritchie, lui, s'il n'évacue pas immédiatement tout mystère sur les raisons d'agir de son personnage principal, choisit cependant d'ancrer Un Homme en Colère dans le film d'action vengeur et de braquage spectaculaire.
Si Le Convoyeur original pourra continuer de dormir tranquille, Un Homme en Colère ne pâtira en aucune manière de ce changement de braquet, tant la charge façon voiture bélier de Jason Statham se montrera efficace, tant la mise en scène de Guy Ritchie ira à l'essentiel, en se montrant étonnamment dépouillée.
Mais ce que le réalisateur perd en fun et en clinquant, il le regagne dans une nouvelle sobriété que l'on ne lui connaissait pas, s'abandonnant seulement à son péché mignon : la narration éclatée et chapitrée de son intrigue.
Ritchie prendra donc, tout au long d' Un Homme en Colère, le pouls de H, tout en épousant, tant dans son découpage qu'à l'image, sa colère sourde. Le film, passé son premier quart d'heure, en sera immédiatement immersif, très loin de son grand frère d'outre Atlantique.
D'autant plus que la violence de l'oeuvre sera des plus frontales et tranchantes, enfonçant la pellicule dans le noir des ténèbres, à l'occasion de l'arrivée à l'écran de nouveaux personnages, occasion de se faire entrechoquer les rages à l'image, dans une atmosphère suffocante et aride. Soit le terrain de jeu idéal pour Jason Statham, rythmé par la musique funèbre lancinante de Chris Benstead.
Le polar urbain, ramassé et nerveux d' Un Homme en Colère sera donc un écrin de choix pour Jason et Guy, dans une intensité de tous les instants empruntée à la force de l'uppercut d'un boxeur rageur.
Behind_the_Mask, kiff kiff banque banque.