C'est sans conteste la mise en scène qui donne son caractère au sujet. Lelouch malmène la chronologie par des flasback ou par des retours sur des scènes entrevues, et privilégie, à l'évidence, l'image par rapport au texte. On conçoit que cette mise en scène ait pu paraitre originale à l'époque (elle l'est sans aucun doute) et séduire par sa nouveauté et maniérisme.
Aujourd'hui, ce style, perpétué par son auteur, témoigne d'une certaine affectation romanesque.
Mais Claude Lelouch est habile, et son intrigue sentimentale entre Anne et Jean-Louis, veufs tous les deux, montre, par le seul sens qu'a le réalisateur de la narration par l'image, une vraie sensibilité. Lelouch ne s'embarrasse pas de mots inutiles et cette romantique rencontre sur les plages brumeuses de Deauville entre un homme et une femme échappe aux clichés.
Ce côté fleur bleue, entretenu de loin en loin par la fameuse musique de Francis Lai, est loin d'être ridicule ou désuet. Certes, les personnages ne sont irrésistibles dans aucun domaine, mais il paraissent toujours libres et sincères, impression recherchée et renforcée par Lelouch, qui fait des personnages d'Anouk Aimée et de Jean-Louis Trintignant une actrice et un pilote automobile. Petit à petit, les deux comédiens se séduisent et nous séduisent aussi.