Les impressions positives laissées par mes récentes découvertes de La bonne année (1973) et plus récemment encore de Le voyou (1971) – qui par ailleurs le citent allègrement le temps d’une scène, c’est dire la reconnaissance que Lelouch lui porte – m’ont naturellement poussé à revoir Un homme et une femme, réalisé quelques années plus tôt. Son film le plus connu, probablement. Celui qui le révéla, certainement.
Un succès critique (Palme d’or à Cannes et Oscar du meilleur film étranger) et public (Quatre millions d’entrées, le meilleur score de Lelouch à ce jour) qui surprend d’autant plus aujourd’hui tant on se demande bien quel critique ou quel public serait en mesure de défendre ou d’aimer ça si un tel film sortait maintenant.
Une script-girl rencontre un coureur automobile. Ils sont tous deux parents uniques et veufs. Elle a perdu son mari, cascadeur, lors d’un accident sur un tournage. Il a perdu sa femme, qui s’est suicidé quand elle a cru le perdre le jour où il fit une sortie de route au Mans. Deux tragédies qui se chevauchent et qui révèleront l’impossibilité de leur histoire d’amour, autant que son inéluctabilité.
L’idée est bien plus belle que le rendu, malheureusement car ça devrait être terrassant mais Lelouch fait trop joujou pour pas grand-chose, à l’image de cette découverte mutuelle qui se joue au gré de leurs discussions, proposés par flashbacks, en couleur. Et puis cette ritournelle signée Francis Lai c’est pas possible. Reste qu’Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant sont étincelants et forment « un couple » magnifique, habité par leur mélancolie respective. Si le film laisse quelques traces – j’y suis un peu attaché, malgré tout – c’est en grande partie grâce à ces deux-là.