Quelque part au nord de l'Iran. Loin, très loin de Téhéran. Reza n'est pas d'ici. Mais il s'est installé avec sa femme et son fils, à l'écart de la ville, en pleine nature, dans une jolie ferme. Il élève des poissons d'eau douce. Son épouse, Hadis, est la directrice du lycée. Un couple ordinaire dans un Iran rural et traditionnel. Mais un Iran rongé par la corruption. Le banquier, le commissaire de police, les élus... tous les notables, mais aussi les citoyens modestes, fonctionnent "au pourboire". Un système que Reza n'accepte pas. Lui, l'homme intègre, qui se ressource dans l'eau purificatrice d'une grotte connue de lui seul. Lui qui ne veut rien devoir à personne. Mais quand la compagnie qui lorgne sur sa ferme et sa terre commence à le menacer, à le harceler, alors Reza le pur, l'orgeuilleux, le taiseux, est contraint de se battre mais aussi de louvoyer, de composer, de se salir les mains. Jusqu'au coup de théâtre final. Magnifique conte moral aux multiples ramifications, Un homme intègre est aussi et d'abord du très beau cinéma qui joue tour à tour avec les codes du thriller ou du western. Le cadre, la lumière, les mouvements de caméra trahissent un très grand cinéaste, Mohammad Rasoulov, que les autorités iraniennes harcèlent plus encore depuis que son film a été ovationné à Cannes. Mais il ne faut pas s'y tromper: au-delà de l'Iran corrompu, Un homme intègre nous touche car son propos est universel. Un thriller politique qui fait penser au russe Zviaguintsev (Leviathan) mais aussi à certains films du grand Francesco Rosi.