Nous sommes en 1519 après Jésus-Christ. Toute l’Angleterre est d’accord pour que le roi divorce… Toute ? Non ! L’irréductible Thomas More résiste encore et toujours etc etc…
Ce film, adapté de la pièce de Robert Bolt par lui-même, nous fait donc suivre donc ce personnage de noble pieux et obstiné, qui pourrait facilement énerver plus d’un spectateur si le récit ne nous faisait pas nous attacher à lui. Et ça au sein de manigances d’État et d’Église, remplis de personnages méprisables et sans scrupules, à quelques exceptions près (je vais y revenir).
Parce qu’avec son entêtement dévot, qui le fait le seul à empêcher le divorce du roi, Thomas More gêne bien tout le monde, ne facilitant rien pour personne. Il est prétentieux, intolérant, aime sa fille mais dénigre le fiancé de celle-ci parce qu’il a quitté l’église catholique.
Il regarde aussi de haut Richard Rich, (point fort notable du film, magnifiquement interprété par John Hurt), un jeune notable naïf et désœuvré, qui est l’un des personnages/obstacles les plus touchants et intelligemment écrit du répertoire. Et qui apporte donc une nuance bienvenue aux antagonistes (je vous avais dit que j’y reviendrais) ainsi qu’une profondeur au récit : Thomas More creuse en partie lui-même sa propre tombe, comme tout un chacun.
Oui donc, Thomas More, c’est quand même une plaie. Et pourtant. Et pourtant, le récit nous fait le comprendre, nous fait l’aimer même, parce qu’il tient ses valeurs jusqu’au bout, malgré les attaques de l’Église qu’il considère comme hérétique. Aussi parce que dans tout ça, on sent qu’il ne souhaite pas la même vie à ses proches, que son amour pour eux lui fait presque penser « peut-être que je suis trop buté ».
On est d’accord avec lui sur peu de chose mais quand même, Thomas More c’est quand même un mec bien sympa.
Et ce n’est pas ça le but de tout récit ? Comprendre l’être humain par un point de vue différent du nôtre ? Je crois bien que oui (et je vous autorise à me citer parce que c’était quand même une phrase super intelligente je crois).
À savoir quand même : ce film c’est beaucoup, beaucoup de dialogues. Des dialogues qui définissent des personnages écrits avec beaucoup de justesses (big up à Henri VIII) mais peut-être trop de dialogues quand même, pour certains.
Et encore, il me semble que cette action statique correspond bien au propos et aux personnages. Et on est tellement dans le film, tellement investis émotionnellement auprès des personnages que ça n’en devient plus tellement gênant.
Allez, salut.