Cela arrive de temps à autre : un film dont vous n'attendiez pas grand-chose et qui s'avère une petite claque cinématographique. C'est précisément le cas d' « Un honnête commerçant », et ce d'autant plus que le début, poussif et lourdaud, ne laissait rien présager de bon. Pourtant, très vite, les choses se mettent en place, et c'est un régal. Que ce soit à travers un huit-clos étouffant et remarquablement menée ou de longs flashbacks subtilement intégrés, la construction est passionnante et sans failles. D'ailleurs, Philippe Blasband a su trouver un équilibre presque parfait entre ces deux parties se complétant admirablement et ne s'écrasant jamais l'une l'autre, d'autant que la qualité d'écriture est à chaque fois au rendez-vous.
Beaucoup de situations subtiles, de retournements habilement menés font que notre intérêt pour le récit est constamment relancée, proposant au passage de très intéressantes réflexions et surtout une figure du « Mal » aussi complexe que captivante. Il faut dire que si Philippe Noiret est magistral, il a pour une fois quelqu'un pour lui tenir la dragée haute : le brillant et charismatique Benoït Verhaert, invraisemblablement peu revu depuis. Reste peut-être un petit manque de moyens et un dénouement légèrement décevant (quoique, celui-ci reste suffisamment ouvert pour rester efficace), mais qu'importe : ce polar belge s'avère suffisamment énorme à quasiment tout point de vue pour le rendre hautement recommandable. Chapeau.