Il semble regarder les personnes qui lui font face sans montrer d'affect. Mais il les scrute comme le prédateur des proies potentielles. Et il les analyse dans leurs gestes, leurs attitudes, l'inflexion de la voix. Sébastien Nicolas n'existe qu'à travers les personnes qu'il rencontre. Il entre dans leur vie comme par effraction, explore son nouveau territoire et peu à peu, en prend possession... Jusqu'à sa prochaine rencontre. Sa propre vie est terne, à l'image de son costume presque trop large d'agent immobilier passe-partout. Fade, solitaire, transparent.
Les événements le pousseront cependant à s'attacher aux proches des personnes qu'il remplace, permettant au scénario d'explorer des pistes insoupçonnées, de s'éloigner un peu des sentiers du thriller et de développer les thématiques du faux semblant et de la personnalité froide et inquiétante du héros chaméléon.
Il aurait simplement fallu amputer les quelques dernières minutes très convenues pour avoir tout bon. Mais en l'état, Un Illustre Inconnu demeure un film élégant et ambigu porté par un Mathieu Kassovitz que je n'avais pas vu à pareil niveau depuis longtemps.