"Vous êtes comme un chat. On vous oublie, puis on vois croise". Les mots du personnage du violoniste déchu résonnent fort dans le bar ou il est assis avec Sébastien Nicolas, ces mots sont le résumé de ce qu'il pense ou plutôt de ce qu'il lit de son interlocuteur. Car ce dernier imprime les autres, les imite et finit par dépasser certaines limites. Delaporte mélange un brin d'Hitchcock, une goutte de De Palma et beaucoup de Kassovitz dans ce film de suspense qui tient ses promesses. Le scénario d'abord est malin et plus social qu'il n'y paraît. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter une des dernières phrases du film parlant la prison. Prison ou l' "on est qu'un corps". Le scénario toujours, bien structuré, à la fois pseudo-réaliste et ambiguë. Une réalisation sobre qui ne juge aucun personnage, qui porte un œil presque chirurgicale sur les protagonistes. Et ils sont tous joués solidement, Kassovitz en tête qui prouve son talent une fois de plus en jouant un rôle différent de son autre film à l'affiche en même temps, Vie Sauvage.
Il y a quelques défauts tout de même. Parfois certaines choses sont oblitérées et cela peut être gênants comme le fait que Henri de Montalte doit se rendre à Cap Ferret contrôler les dégâts dans sa maison et quand Sébastien Nicolas prend sa place on ne nous explique pas si il y est allé à sa place. Pas d'explication de la raison pour laquelle le personnage principal se métamorphoses en d'autres personnes, ou il a appris à le faire voir même comment il a pu obtenir tout le matériel pour le faire. Tout ceci ne gâche pas le plaisir de ce film car ce n'est pas pour ce genre de détails qu'on regarde d’ailleurs les films des autres réalisateurs du genres, voir ceux des maîtres eux mêmes, cités plus haut.
Enfin, à bien y chercher, il y a même un certain intérêt philosophique avec la phrase finale toute simple, presque ridicule, mais tellement universelle : "Je suis devenu quelqu'un d'autre, je suis devenu moi même. Je suis différent, je suis comme les autres".