I don't want to cease to exist.

Life in a Day dépasse la qualification de film ou de documentaire pour atteindre la notion d'expérience. Une véritable expérience humaine aboutie en un parfait condensé de ce qu'est la Vie sur Terre. Kevin Mcdonald et Ridley Scott, les deux meneurs du projet, avaient demandé à ce que des internautes leur envoient des extraits vidéos de leur journée, le 24 juillet 2010, pour au final en faire un long-métrage visionnable via YouTube. En résultat, plus de 80 000 vidéos de 197 pays différents seront récupérées, le but étant de laisser un aperçus aux générations futures de ce à quoi pouvait ressembler la vie dans les années 2010 à travers le quotidien de centaines de personnes aux quatre coins du monde.

Life in a Day est un témoignage. Un témoignage de la Vie dans son ensemble, un fragment d'existence anonyme. A travers le prisme de ces caméras amateurs nous assistons à notre propre quotidien. A ce que la vie peut offrir de plus pur : un quotidien dépouillé d'artifices, un témoignage limpide et sincère, un instantané de vie en quelques minutes. Dans ce sens, il n'est bien-entendu pas question d'exceptionnel mais de réalisme, plus encore, de réalité. Nos vies nous sont présentées telles qu'elles sont : routinières. C'est à ce moment-là que la magie de Life in a day rentre en jeu : nous sommes émerveillés par de petits gestes journaliers, exécutés tous les jours. Un premier rasage, la dégustation d'une pastèque, une demande en mariage. Life in a Day a capté l'essence même de la vie de tous les jours et de la vie en générale. Cerné sa beauté, l'a mise en boîte, comme on enfermerait de vieux souvenirs dans un coffret rouillé par le temps, effrayé à l'idée qu'ils ne s'envolent à tout jamais, pour être sûr de pouvoir les revivre à l'infini, sans modération.

On prend conscience du fait que la vie n'est pas précieuse pour ce qu'elle offre d'exceptionnel, mais qu'elle est exceptionnel pour ce qu'elle offre de spontané. Que la vie n'est pas faite d'événements incroyables mais de journées sommes toutes ordinaires. Que le bonheur se construit (peut-être ?) finalement de courts instants heureux à peine perceptibles par notre désir de grandeur rarement assouvi, qu'il se crée de manière fugace lors de petits moments tout aussi précieux que les grands moments : le spectacle de la lune blanche qui s'élève dans un ciel noir, paisiblement, dans un acte d'éveil nocturne silencieux, sacré et imposant de sa beauté divine, de sa grandeur céleste.

Nous rencontrerons des centaines de personnes, de tout âge, de tout sexe, de toute origine, appartenant à une seule et même espèce : l'Humain. Si certains, caméra à la main, s'amusent à filmer quelques secondes/minutes de leur journée -un réveil difficile, la préparation du petit déjeuner ou encore l'accueil d'un nouveau-né- d'autres profitent de l'occasion pour faire passer des messages importants, comme ce coréen en tour du monde depuis neuf ans, prêchant la tolérance au nom de son pays en conflit, invitant à l'ouverture sur le monde et à l'acceptation des différences des uns et des autres. Life in a Day soulève une myriade de questions existentielles sur la vie, la mort, l'amour, la guerre ou la religion. Grande fenêtre sur la Planète Terre, donnant des avis variés provenant d'humains du monde entier, nés de cultures et dans des conditions différentes, aujourd'hui libres de s'exprimer. Life in a Day, c'est la vie, dans tous les sens du terme. Un projet magistral, touchant à tous les sujets possibles, n'en écartant aucun. C'est le rassemblement de tout ce qui existe. Un oscillement entre rires et larmes.

De la vie, donc, on ne nous épargnera rien. Ni la douleur, porté par le deuil d'un être perdu, par la misère et la détresse sociale, par la faim qui vous guette, par la peine et la solitude, par la peur et par la mort. Life in a Day c'est un moment de vérité, aussi. Cette vérité qui sévit à l'autre bout du monde et tue, inlassablement, des innocents, depuis la nuit de temps. Cette fatalité contre laquelle on ne peut rien mais qui naît, sous nos yeux impuissants, et qui existe, réellement.

Mais la Vie, ce n'est pas seulement la souffrance, même si ce n'est pas la joie non plus. C'est un équilibre entre les deux, qu'il faut savoir appréhender. Aimez votre prochain, aimez le et dîtes-le lui. Faites des enfants, aimer votre femme, soutenez votre voisin souffrant et aidez-vous les uns les autres dans votre détresse, tentez d'être heureux ensemble, car tout seul c'est impossible. Qu'est-ce que vous aimez ? De quoi avez-vous peur ? Qu'avez-vous dans votre poche ? Des milliers d'inconnus ont répondu à ces questions, un même jour.

Nous sommes le film.

Life in a Day est un moment de contemplation, d'introspection. Observer les autres et réfléchir à sa condition. La grâce d'un corps, l'émotion d'un regard, la violence de la maladie. Tout peut arriver. Que font-ils à l'autre bout du monde ? Regardez, quelqu'un vient de naître et un autre vient de mourir, à la même seconde. Eux pleurent et eux s'aiment. Certains se quittent et d'autres se retrouvent. Le même soleil les éclaire dans cette étrange aventure qu'est l'existence. Après ça, on a envie de voyager, d'apprendre des autres, d'aimer, de contempler la mer.

Et on se sent inévitablement et pour la première fois, peut-être, appartenir à un groupe. On se sent exister, vivant, entouré. On a l'intime conviction que l'on n'est plus tout à fait seul, puisque tant d'autres sont dans la même situation que nous. On se sent rattacher à une communauté : l'Humanité. Liés irrémédiablement les uns aux autres par notre condition humaine, par cette Terre qu'on partage et qu'on se dispute pourtant sans cesse.

Comme le dirait l'authentique et magnifique vidéo de conclusion du film : même si nous n'avons rien vécu d'exceptionnel ce jour précis, cette expérience nous permet de réaliser que nous existons, ne serait-ce qu'en respirant le même oxygène, qu'en se couchant et en se levant sous le même ciel que tous les autres êtres humains.