« J'ai b'soin d'un soldat ici
-Où ça qu'il est ? Où ça qu'il est ? »
La première guerre du golfe était la première guerre contemporaine sans images. À peine quelques traits de lumière verte dans le ciel obscur. Celle du Vietnam avait pâti des images rapportées du théâtre des opérations. On sait que les cercueils rentrés au bercail ne doivent pas être filmés. Gardez le moral !
J'ai entendu que le film avait été tourné en 120 images secondes, leur conférant un hypperréalisme hallucinant. L'hyperréalisme était un courant de la peinture américaine qui se plaisait à copier le clinquant des surfaces réfléchissantes du milieu urbain américain. Le pinceau émulant les techniques de reproduction mécaniques comme la photo, un regard de machine sur les machines, imitant à la perfection le mensonge banal des jolies voitures et des billboards, qui masquent la misère du mode de production, la misère du travail à la chaîne en usine qui nourrit cette abondance d'apparences. La misère des guerres qui fournissent l'énergie nécessaire à cette logique productiviste. La misère humaine évacuée du monde de la marchandise qui recouvre tout le champ du visible.
Au milieu de cette profusion de couleurs et de lumières, on partage l'expérience et les souvenirs de Billy, héros fabriqué pour vendre la guerre, qui se plie bon gré mal gré au jeu de la propagande. Il y a de brusques passages en caméra subjective lorsqu'il se trouve confronté à certains personnages clés, et aux choix qu'ils lui proposent et orienteront le reste de sa vie. La pompom guerre soutien tricolore des troupes, le patron américain s'adressent à toi, jeune américain. Que ferais-tu à sa place? Que feras-tu ?
« Je suis le gardien de mon frère »...A force de voir des films américains, on peut citer la bible.