Il est plus que probable qu'après un demi-siècle de réalisations, Woody Allen ne soit plus en mesure de livrer un très grand film, nonobstant toute l'admiration que l'on peut avoir pour son talent. A près de 84 ans, le cinéaste a quand même de beaux restes, surtout quand il emprunte des routes qui lui sont familières, comme dans Un jour de pluie à New York. Cette chronique sentimentale et un peu sociale, avec une petite satire du snobisme de certains milieux, est en tous cas fort agréable avec un arrière-goût mélancolique parfaitement illustré par sa musique jazzy et ses multiples références culturelles. Il ne faut pas dédaigner le plaisir presque désuet que l'on prend devant ces deux intrigues menées en parallèle avec une jolie maîtrise, agrémentées de dialogues qui font toujours mouche, même si, depuis longtemps, le cinéaste new-yorkais ne cherche plus à faire rire à tout prix. La double narration est fluide, cheminant tranquillement sur les rives de la comédie romantique sans pour autant s'y abandonner tout à fait puisque ironie il y a. Cette ballade dans la grosse pomme a beau inclure une scène en calèche et un baiser devant l'horloge de Central Park, elle a quelque chose d'un peu désabusé ou morose, tout dépendant évidemment du côté de quel personnage on se place. Timpothée Chalamet et Elle Fanning ne manquent pas d'allant mais ils apparaissent encore comme des poids légers et force est de constater que Allen a bien fait mieux dans le passé, en matière de direction d'acteurs. Cela dit, cela ne retire que peu au charme de ce nouvel opus du maître que l'on est bien content de voir enfin sur nos écrans, contrairement aux américains.