Il y a dans la mise en scène de Mocky autant de spontanéité que de désinvolture. De sorte que sa dénonciation de la corruption, à travers l'action de l'intègre et déterminé journaliste Dolannes qu'interprète Mocky lui-même, reste constamment du domaine de la caricature.
Ah, quand Mocky veut jouer les chevaliers blancs! Pour tout dire, le cinéaste enfonce des portes ouvertes et son approche -peut-on s'en étonner- n'est pas des plus subtiles. Politiciens (de droite et de gauche), directeurs de quotidiens, notables divers participent d'une corruption généralisée, instituée, contre laquelle Dolannes prétend lutter en créant son propre journal où il révèlera les méfaits et turpitudes des uns et des autres. Du coup, sa vie est en danger.
Adaptant une série noire, Mocky la dépouille de sa noirceur et de son probable suspense policier pour exposer son univers à lui. Ainsi, si le fond du sujet est assez maltraité, faute de rigueur, on retrouve avec un certain plaisir les figures typées chères à Mocky et leur mode d'expression propre à contourner les approximations de l'interprétation. On trouvera néanmoins peu de personnages dignes d'intérêt et, concernant le sien, Mocky s'étend peu ou mal sur les contradictions qui composent pour une part la personnalité de ce justicier de la presse.
"Un linceul n'a pas de poches" fait partie des oeuvres "sérieuses" de Mocky. En tout état de cause, au regard des évidences dont, trop platement ou trop emphatiquement, le cinéaste nourrit son propos, on peut lui préférer ses comédies satiriques débridées.