Le fabuleux destin de Mathilde
Je crois que je ne peux plus le cacher : j'aime vraiment les films. Peu importe que je leur fiche une note de 1/10 ou de 10/10, ou que je puisse être énervé à la fin d'un visionnage tellement j'en ai été exacerbé ; en dépit de tout, regarder des films, c'est vraiment MON plaisir. J'aime le cinéma avec ses bons et ses mauvais côtés. La preuve? Je ne suis franchement pas fan de Jeunet, j'ai de sales à prioris sur ce film et pourtant, je me lance dans cette aventure.
Je n'ai pas vraiment adhéré au scénario qui doit être bien plus intéressant sous sa forme original, le livre, ou en BD tiens. L'histoire est une enquête. Ce que j'aime dans ce genre, c'est quand le héros voyage et rencontre des gens. Ici, durant la moitié du film, c'est Tautou qui lit des lettres ou parle à des gens. Le reste du temps on voit des bouts d'histoire, divers points de vue mis en scène. il s'agit plus de compiler des récits de guerre de raconter une vraie histoire. D'ailleurs le personnage de Tautou peine à servir de fil conducteur à ce melting pot. Il en résulte donc un aspect décousu. Le fait de vouloir en plus lier toutes ces histoires donne lieu à des invraisemblances tirées par les cheveux. Pour finir, la fin tente de donner un sens tout en le détruisant.
Je spoile: On se rend bien compte que pour justifier tout ce bavardage, il fallait que le fiancé soit vivant (bien que ça paraisse peu probable) : ainsi l'auteur donne un sens à toute cette enquête en le faisant réapparaître. Mais quand je dis que le sens détruit le sens, c'est parce que le fiancé... revient de lui même! Donc, toute l'enquête n'aura finalement ... servi à rien. D'ailleurs tout au long du film je me disais que c'était impossible qu'il soit vivant sinon il se serait déjà manifesté. Et ben voilà! Fin du spoilage.
La mise en scène de Jeunet est toujours la même. Des filtres, des mouvements de caméra bien trop nombreux et pas nécessairement utiles, des cadrages gratuits au delà l'aspect dynamique proposé, et puis surtout des digressions interminables. Je comprends bien que ce qui a intéressé l'auteur dans ce livre, c'est l'aspect digressif du récit, mais Jeunet en fait trop et digresse souvent pour pas grand chose. Moi même j'aime les digressions, mais cela doit avoir un sens. Tristram Shandy est un chef d'oeuvre, où cet artifice sert d'élément narratif en soi. Ici ça ne fait que renforcer le côté anecdotique du film, surtout que Jeunet filme des choses sans importance de la même façon que les choses importantes : ça m'a ennuyé. Je n'ai pas lu le livre, mais je pense que le concept doit mieux fonctionner à l'écrit ou au pire en bande dessinée (il y a d'ailleurs un petit côté Tardi dans ce film).
Enfin, il y a bien trop de stars dans ce film. Je comprend que le réalisateur veuille se faire plaisir en travaillant avec les plus grands, mais là on en arrive à un point où le casting bouffe l'histoire. J'étais émerveillé non pas par l'histoire de Elodie Gordes, mais par le fait de trouver Jodie Foster (qui baisouille en plus!).
Bref, Un long dimanche de fiançailles ne me réconcilie pas avec le réalisateur : je trouve qu'il devrait passer moins de temps à vouloir épater la gallerie et plus à raconter une histoire. Ses effets de style ne m'ont jamais vraiment intéressé, même dans ses premiers films ; je suis tout de même curieux de voir à quoi va ressembler sa prochaine production made in USA.