Ministre très en vue de la société londonienne (Jeremy Northam), Sir Robert Chiltern n’a de souci à se faire ni pour son couple, sa femme (Cate Blanchett) l’aimant plus que tout au monde, ni pour sa carrière. Mais lorsque une certaine Mrs Cheveley (Julianne Moore) vient le voir avec des informations compromettantes sur son passé et la ferme intention de le faire chanter, voilà que les deux sont mis en péril…
Première adaptation d’Oscar Wilde pour Oliver Parker (avant L’Importance d’être Constant et Le Portrait de Dorian Gray), alors qu’il en est seulement à son deuxième film et qu’il sort d’une adaptation shakespearienne (Othello), et déjà une franche réussite. Il faut dire que les pièces d’Oscar Wilde font partie de ces œuvres sur lesquelles plane irrémédiablement le fantôme de l’écrivain, que l’on retrouve à chaque coin de phrase, tant il met tout son art autant que toute son âme dans des dialogues écrits avec une finesse inégalable, autant que dans une mécanique comique parfaitement rôdée, qui manie les quiproquos de manière hallucinante de logique, de cruauté et d’intelligence.
On saura particulièrement gré à Oliver Parker d’avoir su s’effacer devant le génie de la littérature anglaise, afin de servir l’œuvre de ce dernier et non de mettre celle-ci à son service. Dès lors, Wilde transparaît à travers les moindres détails de ce film à l’atmosphère anglaise très soignée, permise par un casting impeccable, ainsi que des décors et des costumes élégants mais dénué de tout kitsch. De là à faire de ce vaudeville une véritable petite œuvre d’art, il n’y a qu’un pas, et on le franchit très allègrement.