Un mariage de rêve par Julie_D

A partir d'une pièce de théâtre écrite en 1924 avec la volonté de s'attaquer aux mœurs de l'époque, Stephan Elliott réalise une comédie dramatique qui déborde du cadre de la satire pour multiplier les plaisirs.

Car au delà de la franche comédie se dessine finalement un drame (jamais mélo) familial rendant le film d'autant plus crédible qu'il est porté par le ressort premier de la comédie (comme du drame) : les personnages.

Et Kristin Scott Thomas comme Jessica Biel campent bien plus que des incarnations de leurs univers respectifs (le Vieux Continent englué dans ses valeurs et le Nouveau Monde innovant et libérateur) mais donnent vie à deux femmes moins opposées qu'on ne l'imagine, en tout cas se rejoignant dans leur fort caractère.

Coté forme, la mis en scène est très soignée, toujours au service de l'histoire, offrant des plans assez mémorables, la photo est très belle et les anachronismes musicaux servent parfaitement l'ambiance, interprétés par un formidable orchestre réuni pour l'occasion.

L'ambiance en question est résolument anglaise, dans le ton, les répliques ciselées (Colin Firth fait mouche à chaque fois), le décor et la photo. On a parfois le sentiment de se promener dans un roman d'Agatha Christie, attendant de savoir qui de Kristin Scott Thomas et de Jessica Biel sera la meurtrière ou la victime.

Malgré cela, quelque chose fait d'Easy Virtue un film résolument moderne et pourtant très habile à nous montrer, peut-être presque avant tout, une époque. Une Angleterre qui panse ses blessures d'après guerre, ignorant qu'une autre est sur le point de lui tomber dessus. L'Histoire de ces gens à qui l'on volera deux fois leur jeunesse est très bien évoquée.

Ce qui n'empêche bien sûr pas l'aspect comédie de dominer tout au long : le face à face des deux actrices est sans temps mort, incluant l'une des scènes les plus drôles du cinéma, jusqu'un dénouement amoral et très réjouissant.
On s'attendait peut être à autre chose (pour ma part, à la méchanceté d'une Guerre des Roses inter-générationelle) mais la surprise est intelligemment plaisante.