La promotion du film de Claude Sautet est ce que l'on peut appeler un carnage. A l'époque, Patrick Dewaere s'apprête à épouser Élisabeth Chalier et se confie à ce qu'il pense être un ami, Patrice de Nussac. Manque de bol pour lui, le journaliste balance tout dans la presse, ce qui sera suivi d'un coup de poing en pleine figure. Quel rapport avec Un mauvais fils ? Il est très simple. Dewaere doit en faire la promotion et la presse le boycotte de toutes les manières possibles. Refus d'entretiens, pas évoqué dans les articles sur le film, voire subtilement renommé P.D. Malgré quelques bonnes critiques, le film est tout de même mal accueilli à cause du boycott. Il n'en reste pas moins que le public est tout de même au rendez-vous avec plus d'1 million d'entrées.
Si la promotion fut catastrophique, la production ne fut pas triste non plus. Sautet pense au départ à Gérard Depardieu et écrit le rôle pour lui. Une information qu'il glissera lors d'une projection de presse, ce qui ne plaira pas à Dewaere alors fortement dépressif au vue de la situation, au point de s'engueuler avec le réalisateur. Toutefois, Sautet n'a volontairement pas pris Depardieu, car il ne le trouvait pas assez vulnérable, privilégiant ainsi Dewaere. De plus, il voit l'investissement de l'acteur dans le rôle, au point de s'être rasé la fameuse moustache qu'il arbore depuis le début des 70's.
Le film fait d'autant plus écho à l'acteur que lui-même se drogue et ne parvient pas à se défaire de cette addiction. Si son personnage est plus ou moins sobre depuis sa condamnation, ce n'est pas le cas de celui de Brigitte Fossey qui s'enfonce encore et encore dans les shoots. Ainsi, la rechute peut revenir à tout moment, là où la drogue ne fait ironiquement plus rien à Dewaere.
Initialement écrit par Daniel Biasini et Claude Néron, le scénario était jugé trop sinistre et Sautet le retouche avec Jean-Paul Török , ce qui permet d'étoffer le rôle du libraire notamment. Incarné par un Jacques Dufilho particulièrement classe (et césarisé pour l'occasion), le libraire apparaît comme un père de substitution pour Fossey, mais aussi Dewaere. Ce qui nous amène au titre du film.
Avec Un mauvais fils, Sautet aborde une relation père-fils explosive, faites de non-dits, de rancœurs, de bêtise même qui prend des proportions gigantesques. Dewaere devient ainsi le responsable de la mort de sa mère, mais la tromperie du père n'est pas un problème pour ce dernier. Comme si cela ne s'était peut-être pas vu à l'époque.
La confrontation au petit-déjeuner n'en devient que plus violente, car le spectateur voit un homme essayant par tous les moyens de se racheter une conduite. Il pourra tout faire, il y aura toujours le regard foudroyant du père. Le petit-déjeuner est l'occasion d'inverser les rôles. Le coupable n'est plus celui que l'on croit et le combat de coqs n'en est que plus fracassant. Yves Robert incarne un homme ne se remettant pas en question, devenant ainsi un véritable monstre en incriminant son fils de tous les maux. Le fils a eu une peine de prison pour ses péchés, le père aura sa peine de solitude pour ses propres erreurs.
La conclusion apparaît un peu hâtive, Sautet restant un peu évasif là où il aurait pu prendre un peu plus son temps. Néanmoins, le film se révèle bien assez convaincant avec un casting au top, Dewaere en tête trouvant là un de ses plus beaux rôles.