Dans la famille "Y'a pas d'bol", je voudrais le fils !
Mais pourquoi diable Sautet (1924-2000) faisait-il toujours des films donnant envie de se jeter dans le canal ?
Dans le cadre de l'émission "Place au cinéma" de France 5 , Dominique Besnehard présentait la préface du film dont il a du reste choisi le casting...
Un des survivants en 2023 de cette aventure avec aussi Brigitte Fossey (j'habitais non loin de chez elle quand elle était toute petite, mais on ne se rencontra jamais : gamin, j'étais fanatisé et amoureux de cette petite fille si mignonne ayant fait du cinéma si tôt...) avec aussi Claire Maurier, 94 ans de nos jours, et dont le dernier film remonte en 2010.... Dans ce film de 1980 et à 51 ans, celle qui joue l'amante du père n'hésite d'ailleurs pas à se montrer nue aux côtés d'Yves Robert...
Le casting a du reste beaucoup, voire essentiellement contribué à la réussite de ce film qui sans Dewaere eut semblé bien fade..
Sautet l'avait préféré à Depardieu, un temps présélectionné. dans le rôle de Bruno car il faisait bien plus gamin...
D'autant que pour accentuer son côté juvénile et de fragilité d'un garçon pas encore trop sorti de l'adolescence, Dewaere avait accepté de se raser la moustache, geste professionnel qui déclencha à jamais la sympathie bienveillante de Sautet... Dewaere fait un numéro exceptionnel, mais je n'oublierai pas d'avantage un Yves Robert qui joue son rôle de père comme si c'était vrai, réel ! Ses expressions physiques sont admirables...
Pourtant, et si l'on retrace le film dans son contexte, le bouillant Dewaere qui avait le coup de poing facile, s'était battu à l'époque avec un journaliste, et que la profession ainsi que la Presse le boycottaient plus ou moins pour ce manque de self-contrôle !...
Le scénario fut complété un temps par Claude Néron avant d'être revu par Jean-Paul Torök puis achevé par Sautet lui même... Ce scénario à quatre mains a donc les défauts d'un texte manquant de spontanéité, de personnalité, et ne laisse guère de place à l'espoir...
Ce film est désespérément noir et souffre d'une fin qu'on devra se faire soi-même : pas une seule lueur optimiste dans ces plans où les portes se referment négativement sitôt entr'ouvertes... Tabac, alcool (avec les marques) et drogues sont au menu des redondances d'images.
La seule touche d'optimisme vient de ce libraire joué par Dufilho (1914-2005)et qui n'hésite pas à embaucher des toxicomanes repentis malgré tous les risques que l'altruisme présente... C'est là que Bruno va connaître Catherine, sortant elle aussi de l'enfer des produits illicites mais en train de rechuter...
Sautet offre dans ce film au célèbre Dufilho, (une gueule de cinéma)un one-man-show exceptionnel qui lui valut un César du meilleur acteur dans un second rôle pour ce film...
Il avait une diction et une voix à nulle autre pareille, et sa filmographie est aussi importante qu' impressionnante. Il tourna jusqu'à la veille de sa mort et veilla jalousement à ce que sa vie privée et sa fille restent en dehors de la presse people...
J'allais oublier la musique : elle se fait oublier, Dieu merci...et elle est de Philippe Sarde, le frère aîné du producteur Alain Sarde, de ce film... Seules les mauvaises langues diront qu'il y a un rapport de cause à effet !
Ce film rendit Sautet millionnaire en entrées de salles cette année là, avec une 33° place au box-office, mais s'en souciait-il vraiment ?
France 5 le 02.06.2023-