Après avoir ausculté le monde de la médecine sur trois films et une série (l’excellente Hippocrate), Thomas Lilty s'intéresse avec Un Métier Sérieux à un autre secteur fragilisé, l'éducation nationale. Il continue de privilégier une approche humaniste, traitant son sujet et ses personnages avec tendresse et sans misérabilisme. Il ne cache rien des difficultés du métier et fait parfois poindre la colère et la résignation dans les portraits qu’il dresse de ces professeurs de collèges qui balancent entre résilience et lassitude. Mais la foi en ce qu’ils font, les espoirs qu’ils placent en leur élèves et la solidarité de cette corporation contrebalancent constamment les problèmes auxquels ils sont confrontés au quotidien.
Le scénario est construit sur des ellipses, il nous offre des bribes des vies sans les développer plus avant, mais suffisamment précises pour illustrer différentes incarnations du métier d’enseignant. Il ne pousse pas très loin les intrigues (personnelles ou professionnelles), mais fait apparaître un puissant esprit de troupe et de camaraderie. Un métier sérieux déroule sur une année leur quotidien rythmé par les crises qu’ils traversent, les erreurs qu’ils commentent, les rires qu’ils partagent et des trajectoires de vie qui se croisent. Le ton navigue ainsi entre drôlerie et gravité.
Thomas Lilty fait pour cela appel à ses acteurs fétiches dont son alter ego Vincent Lacoste (Hippocrate, Première année), Louise Bourgoin, William Lebghil ou encore François Cluzet qu’il sait diriger à la perfection et invite Adèle Exarchopoulos qui se fond admirablement dans ce film choral qui respire la sincérité et la justesse.
Un bel essai en hommage au corps enseignant.