Antoine et Laurent,deux quadras parisiens,viennent passer leurs vacances d'été en Corse dans la vieille maison familiale du premier,accompagnés de leurs filles Louna et Marie,17 et 18 ans.Pendant qu'Antoine passe son temps au téléphone à tenter de recoller les morceaux avec sa femme qui est partie en vacances de son côté et que Marie ne pense qu'à sortir et faire la fête,Louna tombe amoureuse de Laurent,qui commet l'imprudence de la baiser,ce qui va le mettre dans une situation embarrassante.L'idée de Thomas Langmann consistant à produire,38 ans après,un remake d'un film de son père Claude Berri semblait a priori étrange, le film de 77 n'étant pas une franche réussite.Mais à bien y regarder,ce n'est pas plus mal de refaire un film pas terrible,il est plus facile de faire mieux.C'est le cas ici,la réalisation de Jean-François Richet,plus habitué au cinéma social, étant nettement plus variée et dynamique que celle de Berri,et son scénario,qu'il cosigne avec Lisa Azuelos,trouve mieux que celui de l'original l'équilibre entre film de vacances,questionnement moral et humour décontracté.Une tension permanente s'installe à partir du moment où Laurent et Louna deviennent amants.Ils ne font l'amour qu'une fois,puis l'homme se ressaisit et veut arrêter les frais,mais la jeune fille est totalement mordue et va se mettre à le harceler,dans le cadre étroit de cette maison où Antoine est le seul à ignorer la situation,ce qui provoque des échanges constamment sur le fil.Richet parvient à faire exister ses quatre personnages,tous intéressants à leur manière.Au début,Marie et Louna apparaissent comme deux petites connes de bobos shootées aux réseaux sociaux,au politiquement correct et aux fiestas,des "stéréotypes de leur génération" ainsi que le dit fort justement Antoine.Mais les deux gisquettes vont vite évoluer,surtout Louna qui,en s'éprenant de Laurent,n'a soudain plus aucun goût pour les sorties nocturnes et ne demande qu'à rester dans cette baraque qui l'ennuyait tant au départ pour y traquer l'objet de sa convoitise.Marie,qui découvre rapidement la vérité,se révèle beaucoup moins cool qu'elle n'en avait l'air.Dégoûtée et révoltée par cette relation qui la choque,elle fait ouvertement la gueule à son père et à sa copine.Laurent,lui,est coincé de toute part.Il commence par céder aux avances de Louna,et comment résister car la petite est un canon intersidéral,mais se rend vite compte que cette liaison n'a pas d'avenir en raison d'une différence d'âge,28 ans quand même,trop importante.De plus il culpabilise vis-à-vis de Marie à qui il offre une image paternelle peu reluisante et de son ami dont il se tape la fille.Antoine,lui,est complètement à l'ouest et ne voit pas ce qui se trame sous son nez,trop occupé à tenter de récupérer son épouse et à traquer les sangliers qui bousillent son terrain.Au fond,c'est l'amour qui est évoqué,cet enfant de Bohême qui n'a jamais jamais connu de loi.Louna tombe raide dingue,un peu vite d'ailleurs,de ce type qui pourrait être son père et qu'elle connait depuis toujours,et elle assume totalement,méprisant complètement les obstacles qui s'opposent à son idylle.Elle est prête à braver son père,son amie,l'écart d'âge,rien ne l'arrête.Du reste,c'est un personnage magnifique assez caractéristique du courage des femmes en matière amoureuse et qui sont déterminées là où les hommes sont plus prudents et calculateurs.Lola Le Lann,fille de l'actrice Valérie Stroh,est dans ce rôle une énorme révélation.Sa beauté et son naturel irradient l'écran et donnent à un personnage qui aurait pu être énervant une émouvante sensibilité doublée d'une sensualité torride.Alice Isaaz se dépatouille très bien d'un rôle ingrat et secondaire alors que l'inénarrable François Cluzet nous dégoupille encore une fois une prestation hallucinante,jouant à la perfection un mec aveugle à la réalité,volcanique et généreux,avec des pétages de plombs mémorables,notamment dans les scènes de chasse au sanglier ou celle du DJ.Vincent Cassel est par contre plutôt décevant dans un emploi qui semblait pourtant taillé pour lui.Il est tout le temps coincé,en retrait,plus que ne le demande un personnage certes en inconfortable posture mais pas au point de l'incarner de façon si timorée.Peu de seconds rôles derrière le quatuor vedette mais on remarque cependant Philippe Nahon en vieux paysan corse et la sublime Annelise Hesme en dragueuse de soirée dansante.