Remake du film de Claude Berri tourné dans les seventies, à l'atmosphère plus malsaine et plus dramatique, "Un moment d'égarement" version Thomas Langman - Jean-François Richet est devenu une comédie estivale, épousant les valeurs de son époque, nettement plus permissive à ce niveau.
Bien sûr, le principe du film repose toujours sur la relation sexuelle taboue entre une jeune fille en fleur et le meilleur ami de son père, mais cette fois le moment d'égarement en est vraiment un, les deux amants ne réitérant pas leur forfait, selon la volonté du fringant quinquagénaire, surtout victime de l'alcool au final.
Toute la dimension développée par l'original sur la misère sexuelle de la classe moyenne se trouve donc évacuée, au profit de ressorts comiques et narratifs plus légers.
Au delà de cet aspect restrictif, j'ai passé un bon moment devant le remake de Richet, qui en bon film de vacances propose sa touche de dépaysement, son quota de sourires et sa dose d'érotisme.
Difficile en effet de passer sous silence la prestation muy caliente de Lola Le Lann.
La fille de Valérie Stroh est bluffante de naturel et d'impudeur, elle est simplement craquante et surtout elle fait vraiment son âge! Il eût été catastrophique pour la crédibilité de l'histoire si les producteurs avaient choisi un jeune femme de 25 ans "déguisée" en lolita.
Je serais moins enthousiaste sur la caractérisation "sociologique" des demoiselles, qui apparaissent souvent comme des caricatures de leur génération : on reconnaîtra la patte de Lisa Azuelos, co-scénariste du film...
D'une manière générale, on regrettera le manque de nuances des personnages, aux réactions monolithiques suite à l'incident : Le Lann insiste, Cassel s'esquive, Isaaz fait la gueule etc...
Il n'y a guère d'évolution dans leur comportement, même si on se trouve dans une temporalité brève.
Autre bémol : la prestation toute en finesse (ironie) du maître cabotin François Cluzet, bon acteur souvent mal dirigé, qui une fois de plus en fait trop, et qu'on a eu la bonne idée de doter d'une nouvelle névrose "animale" : après les fouines des "Petits mouchoirs", ce sont désormais les sangliers corses qui lui pourrissent les vacances (œil fou et mâchoire tremblante garantis...).
Vincent Cassel est plus convaincant dans un rôle pas évident : même si sa prestation est inégale, dans l'ensemble on croit à son personnage de père cool mais paumé.
Bref, "Un moment d'égarement" est tout sauf un chef d'œuvre, mais il remplit aisément son contrat de divertissement estival, porté par le charme et la fraîcheur de ses deux jeunes interprètes.
Pour cette raison, le film devrait sans doute plaire davantage à un public masculin.