Quel objet que ce Moment d'Egarement.
Alors qu'on s'attendait encore à une énième comédie française de potes en été, on ressort presque troublé de la salle de cinéma.
Le début est très classique, même si se fait légèrement deviner une once de mélancolie avec le personnage de Cluzet qui se reprend en pleine gueule son histoire familiale encore fraîchement douloureuse.
Les clichés s'enchaînent, le traitement de l'adolescence révèle de l’affligeant (faire dire à un personnage "Vous allez arrêter d'êtres putain de stéréotypes de votre génération" n'excuse pas le traitement stéréotypé des adolescentes) , les acteurs masculins sont étrangement peu complices (on se demande encore après le générique comment deux personnage si opposés peuvent être amis...), "l'actrice" (s'il est permis de l'appeler ainsi) Lola le Lann est pitoyable de bêtise et de mauvais jeu. Jamais je n'avais entendu une salle entière de cinéma rire de ridicule lors de scènes ou le personnage de Louna qu'elle incarne se lamenter et pleure de chaudes larmes. On se demande qui peut bien être cette jeune fille pour avoir atteint la tête d'affiche d'un tel film (fille de producteur peut être ?).
Si le choix de cette actrice s'est porté sur ses qualités physiques, alors on peut dire que le casting est réussi. En effet, et les hommes sensibles aux charmes féminins ne diront pas le contraire, il est assez agréable et en même temps très gênant et surprenant de voir une telle jeune fille s'adonner au jeu de la séduction physique et à la nudité.
Mais si l'expérience est troublante, ce n'est pas par erreur. Et dés cet instant la véritable intrigue commence.
Si l'on a accusé avec bien d'intelligence le film d'être misogyne, c'est avec bien peu d'intelligence qu'on peut parfaitement prouver le contraire. Lorsque que l'on voit les personnages de Cassel et de Cluzet, on ne peut que voir deux énergumènes par franchement exemplaires, l'un queutard de haute volée irresponsable et laxiste, l'autre sur les nerfs, aveugle, sourd et insouciant, exerçant ses tentatives de domination par la testostérone des armes et des poings (les sangliers et le DJ s'en souviennent). Se dessine donc de cette comédie au départ légère une ambiance scandaleuse et franchement caustique. La légère amourette insouciante et adolescente se fait progressivement jeu de manipulation sexuelle tendu. Le film oscille avec justesse sans jamais s'affirmer dans aucun de ses chemin entre comédie, drame et manipulation malsaine.
On en demeure surpris, d'autant plus par ce final très juste, très humain, et même très masculin, d'une violence refoulée, d'une promesse d'unité et de retour à 0, le tout transmis par un sourire délicat.